La pompe à chaleur aérothermique est un excellent moyen de refroidir et chauffer son logement, à faible coût financier et environnemental. Il existe deux versions de cette famille de pompe à chaleur : air/air et air/eau. Si les deux modèles disposent de performances très pertinentes dans le cadre de la transition énergétique, seule la version air/eau bénéficie d’importantes subventions. Pourquoi cette discrimination est injuste ?

Les pompes à chaleur (PAC) air/eau, qui puisent les calories de l’air extérieur pour les injecter dans l’eau du réseau de chauffage, sont en fort développement en France, avec une croissance de 30 % et un total de 346 000 unités écoulées en 2022 par rapport 2021. Après des années de hausse, la PAC air/air, qui puise les calories de l’air extérieur pour les injecter dans l’air intérieur, ne progresse plus, avec une baisse de – 8 % entre 2022 et 2021, même si son niveau reste élevé avec 772 000 unités.

Ce recul s’explique par les subventions importantes accordées aux PAC air/eau, qui monopolisent les professionnels, et par une vague de chaleur 2022 décalée et tardive. Car, contrairement aux PAC air/eau, les PAC air/air sont par défaut « réversibles » : elles peuvent aussi bien souffler de l’air froid que de l’air chaud dans un logement. C’est là que le bât blesse : les autorités ne souhaitent pas subventionner l’installation d’appareils capable de servir comme climatiseurs.

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Pompe à chaleur air/eau : la tueuse de chaudières au fioul

La pompe à chaleur air/eau utilise les calories de l’air extérieur pour chauffer un circuit à eau de type chauffage central, radiateur ou plancher chauffant. On la considère comme une chaudière : elle est d’ailleurs souvent installée en remplacement d’une chaudière au fioul ou gaz, ainsi que de convecteurs électriques classiques. En option, elle peut être réversible pour produire du froid, afin de climatiser les locaux, avec des émetteurs et des réseaux adaptés. Toutefois, cette option est rarement déployée chez les particuliers.

Parmi les 16 millions de maisons individuelles en France, 32 % utilisent le gaz et 20 % le fioul pour se chauffer. Ces logements disposent tous d’un système de chauffage central à eau, facilement adaptables à une PAC. Les PAC air/eau bénéficient de subventions Ma Prime Rénov’ et des Certificats économie énergie CEE, de manière conséquente, malgré une baisse des montants pour les PAC sur 2023. Selon vos revenus, il est possible d’obtenir un montant total d’aides supérieur à 50 % du coût d’achat et d’installation d’une PAC air/eau.

L’objectif de ces aides est de réduire la dépendance aux énergies fossiles importées, diminuer les émissions de CO2 et d’augmenter l’efficacité énergétique de la France.

Facture d’une pompe à chaleur air/eau de 16 kW adressée à un particulier en 2023, montrant les différentes aides / Document : Révolution Énergétique.

Pompe à chaleur air/air : malgré ses qualités, elle effarouche les subventions

La pompe à chaleur air/air utilise le même principe de fonctionnement que la PAC air/eau. Toutefois, elle extrait les calories de l’extérieur pour insuffler de l’air chaud dans les pièces, via des émetteurs muraux ou des plafonniers. Elle est souvent installée pour sa fonction climatisation, mais ces machines sont naturellement réversibles, sans aucune contrainte : une PAC air/air peut aussi bien souffler de l’air chaud que de l’air froid.

Parfois, une PAC air/air est installée en remplacement d’une chaudière à énergie fossile. Si ce n’est pas l’idéal sur le plan énergétique (la PAC air/eau étant plus efficace dans ce cas), certains usagers veulent profiter du retrait de leur chaudière pour se défaire des encombrants radiateurs. Les PAC air/air sont parfaitement adaptées aux logements ne disposant pas de système de chauffage central.

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Parmi les 16 millions de maisons individuelles, 40 % sont tout-électriques. Dans ces logements, le chauffage et l’eau chaude sanitaire représentent 80 % des dépenses énergétiques. 87 % des installations sont équipées de convecteurs muraux, selon l’INSEE. L’installation d’une PAC air/air est un excellent moyen de réduire leur consommation d’énergie, et donc leur facture.

Les PAC air/air sont uniquement éligibles aux certificats économie énergie pour un montant variable et toujours faible : de 50 à 750 € selon les opérateurs. Il existe également une possibilité de financement dans le cadre de Ma Prime Rénov’ Sérénité, qui concerne les ensembles de travaux d’amélioration de l’habitat, seulement accessibles aux revenus modestes ou très modestes, selon un barème fixé par l’ADEME. Toutefois, il est rare que des foyers modestes investissent plusieurs dizaines de milliers d’euros dans de profonds travaux de rénovation, sans échelonnement sur plusieurs années. La pertinence de cette aide est donc assez faible.

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Les 5 raisons de subventionner la pompe à chaleur air/air

1 – C’est un système de chauffage efficace

La PAC air/air n’était pas considérée comme un système de chauffage principal dans le passé. Cependant, les technologies ont bien évolué ces 10 dernières années. Cette machine propose désormais des performances en chauffage à faire pâlir certains modèles de PAC air/eau. Tous les modèles fonctionnent jusqu’à des températures extérieures de – 15 °C, quand les modèles les plus performants opèrent jusqu’à – 30 °C.

La chute de puissance n’est pas pire sur une PAC air/air que sur une PAC air/eau. Elle se situe dans une fourchette de – 15 à – 20 % entre une température extérieure de + 7 °C et de – 7 °C. Les PAC air/air sont souvent équipées de la technologie Inverter, qui permet la modulation de puissance fournie à l’installation, assurant des coefficients de performance (COP) de 4 à 6, à condition d’être correctement dimensionnée et exposée sud, à l’abri des vents dominants.

2 – La climatisation est aussi importante que le chauffage

Le réchauffement climatique augmente la fréquence et l’intensité des vagues de chaleur. Les températures élevées ont de réels effets sur la santé, quel que soit l’âge ou l’état de santé des personnes. Pourtant, la climatisation continue d’être considérée comme un luxe, ou un confort optionnel en France. S’il n’est pas envisageable de vivre dans un appartement glacial faute de chauffage, pourquoi le serait-ce dans un appartement où la température est suffocante l’été, faute de climatiseur ?

Par ailleurs, subventionner les PAC air/air pourrait détourner les ménages de la tentation d’acheter un climatiseur mobile. Ces appareils sont peu coûteux à l’achat, mais fortement consommateurs d’énergie au regard de leur faible efficacité thermique, et nettement moins vertueux qu’une PAC air/air fixe. Pourtant, presque toutes les grandes surfaces en proposent librement à la vente durant l’été, sans aucune réglementation.

Paradoxalement, effrayée à l’idée d’encourager l’installation de PAC air/air utilisées comme climatiseurs, la Réglementation thermique impose le verrouillage de certaines machines en mode « chaud » (RT 2012). Ces modèles ne sont donc utilisables qu’en hiver, malgré leur configuration technique permettant également de climatiser.

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3 – Elle réduit la consommation d’électricité

En puisant les calories dans l’air extérieur, la pompe à chaleur restitue davantage d’énergie thermique qu’elle ne consomme d’énergie électrique. Alors qu’un convecteur électrique classique produit 1 kWh d’énergie thermique pour 1 kWh d’énergie électrique consommée (COP de 1), une PAC air/air produit généralement entre 3 et 5 kWh de chaleur pour 1 kWh d’électricité consommée. Nous n’évoquerons même pas les performances d’une chaudière au fioul, gaz, biomasse ou d’un insert au bois, qui expédient une part considérable de chaleur directement dans l’atmosphère, sans même chauffer le logement.

Bien qu’utilisée en mode climatiseur l’été, une PAC air/air permet d’économiser de grandes quantités d’énergie en hiver, période où le réseau électrique est le plus sollicité. En remplaçant des convecteurs électriques par une pompe à chaleur air/air, un logement peut se chauffer plus efficacement et pour nettement moins cher. Nécessitant moins de puissance électrique que des convecteurs, une PAC réduit également la pointe de consommation hivernale.

4 – Elle réduit les émissions de CO2

En consommant uniquement de l’électricité, la PAC air/air dispose d’un impact carbone très faible, particulièrement en France où la production électrique est peu carbonée. Aucun autre mode de chauffage ne peut être moins émetteur de CO2 qu’une pompe à chaleur (toutes technologies de PAC confondues, dans notre pays). Même utilisée quelques jours pour climatiser en été lors des vagues de chaleur, une PAC air/air peut afficher un bilan carbone global très favorable, si elle est également exploitée pour chauffer tout l’hiver.

5 – Elle est plus efficace si installée par un professionnel qualifié

Un nombre important de PAC air/air est hélas installé « sous le manteau » par des personnes peu ou pas qualifiées, achetées en enseigne de bricolage ou sur internet. En les subventionnant, il est possible d’encourager la vente via des professionnels reconnus et expérimentés, et donc leur installation dans les règles de l’art, afin d’optimiser leur efficacité. Par ailleurs, certaines primes attribuées à des PAC air/eau sont détournés au profit de PAC air/air, le législateur ne pouvant pas contrôler toutes les installations. En normalisant les subventions, l’on éviterait ce type d’éco-délinquance.

Il est vrai qu’un marché subventionné peut attirer une faune d’entrepreneurs indélicats et d’arnaqueurs. Toutefois, les nouvelles règles d’accès aux primes d’équipement, notamment celle de l’accompagnateur France Rénov’, doivent permettre une réalisation efficace de PAC air/air. Un audit énergétique pour une maison dotée d’un chauffage électrique, avec une obligation de 40 % d’économie et pose par un professionnel RGE, est gage d’une réalisation conforme aux attentes.

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