Antenne relais camouflée ? Œuvre d’art contemporain ? Rien de tout cela. Rivée à la façade d’un immeuble ancien du 3e arrondissement de Marseille, cette étonnante structure n’est rien d’autre qu’un chauffe-eau solaire collectif. L’installation particulièrement originale souffrirait toutefois de malfaçons et ne fonctionnerait pas correctement.

En recherchant une adresse sur Google Street View, une drôle de structure déployée sur la façade d’un immeuble a retenu notre attention. De loin, impossible d’imaginer son utilité. En s’approchant, on distingue des tubes couleur cuivre reliés à des canalisations généreusement recouvertes d’isolant thermique. Il s’agit en fait d’une technologie assez peu déployée de production de chaleur solaire.

Ces tubes emprisonnent les rayons du soleil pour générer un effet de serre qui réchauffe un liquide caloporteur. Ce liquide peut ensuite générer de l’eau chaude sanitaire, ou bien alimenter un système de chauffage. Habituellement monté en toiture, il a ici été déployé en façade, ce qui est peu commun. L’immeuble, un ancien taudis du quartier de la Belle-de-Mai, l’un des plus pauvres d’Europe, dispose d’une façade aveugle orientée sud-est avec peu d’obstacles à l’ensoleillement.

Images : Google Street View

Une sonde placée au mauvais endroit

Un bâtiment sorti de l’habitat indigne grâce à de profonds travaux de rénovation réalisés en 2011 par Urbanis Aménagement, à la demande des collectivités locales. Le chauffe-eau solaire venait parfaire l’opération, qui a permis à 10 familles modestes d’accéder à la propriété. Un dispositif qui devait fournir de l’eau chaude sanitaire, probablement en appoint d’une chaudière collective au gaz.

Or, l’ensemble n’aurait jamais fonctionné correctement selon les occupants, qui témoignent dans le média local Marsactu. L’un d’eux évoque un problème de sonde de température censée commander l’injection d’eau dans les tubes solaires, placée « dans les combles » au lieu d’être installée en façade. En conséquence, le chauffe-eau solaire ne fonctionnerait qu’en été, lorsque la sonde détecte une chaleur suffisante… sous les toits.

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Malfaçons ou matériel inadapté ?

Hélas, le propriétaire qui est aussi président du conseil syndical est intervenu sur l’appareil, provoquant un refus de prise en charge par l’assurance. Outre le chauffe-eau solaire, le résident pointe également des dysfonctionnements de la chaudière à gaz, qui auraient forcé les habitants à s’équiper de radiateurs électriques individuels.

Dans ce contexte, difficile de savoir si la mauvaise performance du chauffe-eau solaire est due à son originalité, une mauvaise configuration ou à des malfaçons. Il apparaît toutefois fort probable que le manque de rigueur dans l’installation en soit la cause principale. Contacté, Urbanis Aménagement, qui a piloté les travaux, n’a pas pu répondre à nos questions dans le délai imparti à cet article. Fin 2019, il assurait au média Marsactu que l’ensemble « n’est pas bien ordonné » mais « marche ».

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