Un rapport récent de l’agence Wood Mackenzie indique qu’une conversion des déchets en énergie offrirait une double solution au problème planétaire de l’accumulation des déchets et à celui des émissions polluantes. Actuellement, 90 % des déchets sont enfouis sous terres alors que, selon les études de l’Agences internationale de l’énergie, 70% sont recyclables à d’autres fins et susceptibles de produire de l’énergie.

Selon des statistiques reprises dans le rapport, la production mondiale d’ordures est en hausse permanente. Elles devraient atteindre 3,4 milliards de tonnes d’ici 2050, contre 2,4 milliards de tonnes recensés en 2022. Ces déchets peuvent représenter une source de matière première valorisable dans le cadre du recyclage et/ou pour la production d’énergie. Mais actuellement, uniquement 11 % sont réutilisables dans le monde. Le problème se pose même dans les pays avancés comme les États-Unis, qui n’utilisent que 13 % de leurs déchets pour la production de l’électricité, enfouissant sous terre 53 %, avec tous les risques environnementaux qui en découlent.

L’électricité produite à partir de l’incinération des déchets solides représente moins de 1 % de la production totale d’électricité aux États-Unis, soit 14 000 GWh, avec 60 stations. Les pays asiatiques semblent plus investis dans ce domaine, à l’exemple de la Chine qui vise à éliminer 50 % des déchets d’ici 2030. Le gouvernement du pays soutient fortement les projets de transformation, à l’exemple de la centrale de Shanghai. Considérée comme la plus grande au monde, celle-ci est d’une capacité totale d’incinération de déchets estimée à 3 millions de tonnes par an, pour une production d’électricité allant jusqu’à 1,5 milliard de kWh par an.

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Comment transformer les déchets en électricité ?

Cela consiste à transformer des déchets en source de combustible, pour obtenir de l’électricité et de la chaleur. Techniquement, les usines de valorisation des déchets utilisent des brûleurs (incinérateurs) de déchets solides qu’elles convertissent en vapeur, qui fait tourner des turbines pour produire de l’électricité. Outre l’incinération, deux autres techniques peuvent être utilisées par ces stations, à savoir la pyrolyse (décomposition par la chaleur de matières solides en gaz et résidus) et la méthanisation (transformation de matières organiques en méthane par fermentation).

Ces stations brûlent deux types de déchets solides : soit des déchets biologiques, constitués principalement des matières d’origine organiques, y compris le papier, soit d’autres déchets non biotiques, tels que le plastique. Ces déchets proviennent des ménages, mais aussi de certains déchets non dangereux provenant de sources commerciales et industrielles.

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Une technologie controversée

Bien que les techniques de transformation soient envisageables et réalisables dans plusieurs pays, les résultats restent très limités en raison du manque d’incitation et d’encouragements de la part des gouvernements. Car, les coûts d’incinération et de transformation sont si importants et si peu rentables pour le moment, qu’ils dissuadent les investissements.

D’un autre côté, les observateurs restent sceptiques quant à l’impact écologique de ces stations, dont les émanations sont très polluantes. Il faut savoir que les fumées dégagées des sites de combustion, malgré les filtrages, contiennent des dioxines (polluants organiques persistants), considérées comme cancérigènes pour l’homme. S’y ajoutent un certain nombre d’émanations telles que le dioxyde de soufre, les oxydes d’azote, l’acide chlorhydrique et les métaux lourds.

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Actuellement, pour booster la valorisation énergétique des déchets, de nombreux pays comme les Pays-Bas, le Danemark, le Japon et Singapour imposent des taxes sur les décharges publiques, d’où la hausse du taux d’incinération dans ces pays. D’autres pays comme le Danemark appliquent une politique inverse, en appliquant une taxe élevée sur l’incinération des déchets, ce qui fait que près de la moitié des déchets du pays sont recyclés.

Selon des statistiques rapportées par Wood Mackenzie, l’on s’attend, d’ici 2050, à ce que 50 % des déchets soient convertis en énergie équivalant à l’utilisation de 63,5 millions de tonnes de pétrole, un chiffre qui parait utopique dans le contexte actuel.