Les pales d’éoliennes sont constituées de matériaux composites à base de matières plastiques (polymères) renforcées par des fibres de verre ou de carbone. Ces matières, quand elles sont broyées, peuvent être utilisées comme combustible dans les cimenteries en remplacement d’énergies fossiles. Cette solution, utilisée dans l’usine Holcim de Lägerdorf en Allemagne, évite la mise en décharge de déchets et réduit les émissions de CO2.

Lorsque les éoliennes arrivent en fin de vie après 20 à 30 ans de bons services, elles sont démantelées. Si la plupart des matériaux qui les composent tels que le béton et les métaux peuvent être aisément recyclés, les pales, constituées de matériaux composites, posent un problème plus complexe.

Vers une interdiction de l’enfouissement

Sur les réseaux sociaux vous pouvez découvrir des photos de pales d’éoliennes en fin de vie, enfouies dans des décharges. Cette pratique dénoncée haut et fort par les mouvements anti-éoliens est toutefois relativement rare. Elle est d’ailleurs carrément interdite dans certains pays comme l’Autriche, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande.

Conscient des enjeux environnementaux et climatiques, le secteur éolien, du moins en Europe, cherche et applique des solutions plus responsables. Ainsi, Wind Europe, l’association qui représente les professionnels de la filière, a récemment appelé l’Union européenne à bannir la pratique de l’enfouissement des pales d’ici 2025.

« L’industrie éolienne européenne s’engage activement à réutiliser, recycler ou récupérer 100 % des pales mises hors service. Dans le même temps, nous nous engageons à ne pas envoyer de pales déclassées pour mise en décharge dans d’autres pays en dehors de l’Europe » déclare l’organisation dans un communiqué.

Des recherches récentes menées avec l’industrie chimique ont abouti à la mise au point de technologies permettant de recycler les pales, mais elles ne sont pas encore exploitées à l’échelle industrielle. Selon Wind Europe, il faudra attendre 2030 pour qu’une filière de recyclage des pales soit mise en place. En attendant, différentes autres solutions existent : nous les avons passées en revue dans notre dossier consacré au démantèlement et au recyclage des éoliennes.

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Valorisation en cimenteries

Les pales peuvent par exemple être broyées et valorisées dans les cimenteries, des usines très énergivores. La société Geocycle, spécialisée dans la gestion des déchets, est pionnière dans cette technologie de récupération qu’elle a mise en place dans la cimenterie du groupe LafargeHolcim à Lägerdorf en Allemagne.

Le broyat de pale y est utilisé dans les fours, à la fois comme combustible en remplacement du charbon pour sa fraction organique et comme matière première pour sa fraction minérale (issue du broyage des fibres de verre), en remplacement partiel du sable et de l’argile nécessaires à la fabrication de ciment. A la clé, une réduction de 27% des émissions de CO2 et de 13% de la consommation d’eau.

Un procédé similaire est également mis en œuvre aux Etats-Unis où le fabricant d’éoliennes GE Renewable Energy a signé un accord avec la multinationale française Véolia pour le recyclage des pales d’éolienne dans l’industrie du ciment. Selon le communiqué publié à cette occasion, une pale de 7 tonnes évite l’utilisation de 5 tonnes de charbon, de 2,7 tonnes de silice, d’1,9 tonne de calcaire et d’une tonne de matière première minérale.

Les premiers parcs éoliens construits sur notre continent il y a une vingtaine d’années sont en fin de vie. Wind Europe estime que d’ici 2030, 25.000 tonnes de pales d’éoliennes seront déclassées, et près de 52.000 d’ici 2030.

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