La Chine a planifié un programme dantesque de construction de 150 réacteurs nucléaires d’ici 2035. Pour alimenter les réacteurs en uranium, elle lance un programme de recherche de l’extraction de l’uranium contenu dans l’eau de mer et annonce avoir mis en service une première plate-forme de test.

L’eau de mer contient de l’uranium naturel. La teneur est particulièrement faible, de l’ordre en moyenne de 3 microgramme par litre, mais le volume des océans est immense, si bien que la quantité d’uranium total disponible serait de l’ordre 4,5 milliards de tonnes. Cette valeur est à comparer avec les ressources disponibles : d’après un rapport conjoint de l’AIEA et de la NEA de 2022 (dit « Red Book »), les ressources conventionnelles en uranium raisonnablement assurées à moins de 260 $/kg-U sont de l’ordre de 4,7 millions de tonnes.

Les océans contiendraient donc près de mille fois plus d’uranium que les gisements conventionnels ; mieux encore, la teneur en uranium resterait constante même en cas d’extraction, car elle serait en équilibre chimique avec les sédiments. L’uranium extrait de l’eau de mer serait alors une ressource renouvelable.

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Lancement d’une plate-forme de recherche

C’est la raison pour laquelle l’extraction de l’eau de mer a conduit à des recherches depuis les années 1950, et plus récemment en Chine. En 2021, y a été créée la Seawater Uranium Extraction Technology Innovation Alliance, dirigée par la China National Nuclear Corporation (CNNC), le puissant énergéticien chinois. Cette alliance regroupe 23 universités et instituts de recherche dont la coopération vise à accélérer le développement de cette technologie.

Le 17 mai à Hainan, lors d’une conférence de la Seawater Uranium Extraction Technology Innovation Alliance, Cao Shudong, directeur adjoint de CNNC, a annoncé la mise en service d’une plateforme d’essai d’extraction de l’uranium de l’eau de mer. Ce sera la plus grande plateforme d’essai de ce type à être construite en mer de Chine méridionale. Sa fonction est de réaliser des tests en situation des différentes technologies d’absorbant.

Vue rapprochée de la plate-forme de test de l’extraction de l’uranium de l’eau de mer / Image : CNNC.

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CNNC a également annoncé que ce banc d’essai s’intégrerait dans un pôle de recherche complet, qui sera complété par un centre de recherche dédié et un centre d’échange international. La construction de ces sites aurait d’ores et déjà commencé. La Chine vise ainsi de devenir un acteur de premier plan mondial pour le développement de ces technologies.

« La demande en ressources naturelles d’uranium et la difficulté de leur exploitation augmentant d’année en année, l’exploration et l’exploitation des ressources d’uranium non conventionnelles tout en développant les ressources d’uranium terrestres constitueront un choix stratégique important », explique Cao Shudong. On imagine en effet que la Chine sollicite cette technologie, puisqu’elle a prévu de construire 150 réacteurs nucléaires d’ici 2035.

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