Le gouvernement français s’apprête à modifier en profondeur le dispositif du chèque énergie, une aide précieuse pour les ménages les plus modestes. Il ne sera plus versé automatiquement, dans l’espoir que les demandes baissent.
Actuellement, 5,6 millions de Français bénéficient du chèque énergie, un soutien instauré en 2018 pour alléger les factures énergétiques des foyers en situation de précarité. Cependant, à partir de 2025, le versement de cette aide ne sera plus automatique. Selon Mediapart, cette réforme pourrait permettre à l’État de réaliser une économie d’environ un milliard d’euros.
Les plus modestes pénalisés
Jusqu’à présent, le chèque énergie était envoyé automatiquement aux bénéficiaires identifiés par l’administration fiscale grâce à la taxe d’habitation et aux déclarations de revenus. Ce système évitait un phénomène de non-recours massif. En effet, selon Mediapart, entre 75 et 85 % des chèques étaient effectivement utilisés, un taux très élevé pour ce type d’aide. Mais avec la suppression de la taxe d’habitation, Bercy a dû repenser les modalités de distribution. Désormais, les ménages devront remplir une demande en ligne et fournir leur numéro fiscal, une copie de leur pièce d’identité et une facture d’énergie. Ce changement administratif risque d’accroître le non-recours.
Comme l’explique Hélène Denise auprès de Mediapart, chargée de plaidoyer à la Fondation Abbé Pierre, « le taux de non-recours sera énorme ! ». En 2023, déjà, lors d’une première tentative de modification du dispositif, seulement 32 000 nouveaux bénéficiaires ont pu obtenir le chèque sur un million de ménages potentiels. Le gouvernement avait sous-estimé les effets du passage à une procédure non automatique.
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Cette réforme est perçue par de nombreux acteurs comme une manière d’économiser sur le dos des plus vulnérables. Claire Lejeune, députée de La France Insoumise, critique vivement cette décision : « il nous semble que c’est une manière très sale de faire des économies ». Elle souligne que dans les cas où le versement des aides n’est pas automatique, comme pour les chèques fioul ou bois, le taux de recours chute à 20 % seulement.
Alors que la précarité énergétique touche près de 6 millions de Français, ce type de réforme pourrait aggraver une situation déjà alarmante. En 2023, plus d’un million d’interventions pour impayés ont été recensées, un record selon le médiateur de l’énergie. En 2024, avec la flambée des prix de l’énergie, les associations avaient déjà alerté sur l’insuffisance du montant du chèque, qui oscille entre 48 et 277 euros. Pour Hélène Denise, ce n’est pas aux ménages les plus pauvres de payer pour les failles administratives : « Ils préfèrent mettre à terre tout le dispositif plutôt que de risquer de verser deux fois un chèque au même foyer ».
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