Le difficile recyclage des pales est l’un des arguments régulièrement mis en avant par ceux qui s’opposent au déploiement d’éoliennes à grande échelle. Mais des solutions apparaissent sur le marché. Comme celle de cette start-up américaine qui semble avoir trouvé un moyen durable de les recycler. Elle les transforme en fibres qui peuvent servir différentes applications.

La durée de vie d’une éolienne est estimée entre 15 et 30 ans, selon qu’elle est implantée sur terre ou en mer. Ainsi, certaines des premières mises en service en Europe et dans le monde doivent désormais être remplacées. Les parties métalliques du mat et du rotor et même le béton des fondations s’avèrent assez faciles à valoriser. C’est plus compliqué pour les pales, parce qu’elles sont faites de matériaux composites. Comprenez, de mélanges de fibres et de résines assez difficiles à recycler. Pour se faire une idée de l’ampleur du problème, un chiffre de l’Ademe : d’ici 2025, les pales d’éoliennes pourraient représenter en France entre 3 000 et 15 000 tonnes de déchets par an.

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Le défi du recyclage des pales d’éoliennes

La législation française est sur le point de devenir plus exigeante en la matière. Alors, pour les pales du futur, les ingénieurs proposent de nouvelles compositions. Des fibres de carbone plutôt que des fibres de verre. Ou encore des composites à base de résines thermoplastiques, que l’on peut alors imaginer transformer en lavabo, en couche pour bébé ou même… en bonbons gélatineux !

D’autres travaillent à développer des techniques qui permettraient de séparer les éléments des matériaux composites qui constituent les pales des éoliennes actuelles. Pour récupérer des résines vierges qui serviraient à fabriquer de nouvelles pales, pendant que les fibres de verre ou de carbone seraient recyclées de leur côté.

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Pour l’heure, quelques pales d’éoliennes sont réutilisées de manière originale. Comme éléments de mobilier urbain, par exemple. Toutefois, beaucoup se retrouvent coupées en morceaux et enfouies dans des décharges, comme la plupart de nos déchets ménagers, mais cela pourrait être interdit en Europe dès 2025. Parce que les transporter vers des centres adaptés et les valoriser coûte cher. De trois à huit fois plus que de les mettre au rebut, estime-t-on aux États-Unis.

D’autant que les solutions de valorisation proposées sont imparfaites. Broyer les pales et les vendre à des cimenteries qui les brûlent dans leurs fours à la place du charbon permet de réduire de près d’un tiers leurs émissions de gaz à effet de serre. Les cendres sont ensuite utilisées comme matière première dans la fabrication du ciment. Une manière de valoriser plus de 90 % du poids des pales. Mais il pourrait émaner de la combustion quelques gaz cancérigènes.

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Un nouveau débouché pour les pales d’éoliennes ?

La nouvelle ambition d’une start-up implantée dans l’Iowa (États-Unis), REGEN Fiber, est de transformer les pales d’éoliennes en fibres de renforcement destinées à augmenter la résistance et la durabilité du béton ou du mortier qui servent pour la fabrication des chaussées, des dalles de sol ou de bien d’autres produits.

Un pilote a démontré les performances de ces fibres. Et une usine est en cours de construction. Elle devrait commencer le recyclage à l’échelle commerciale des pales d’éoliennes dès le second semestre 2023. Avec une capacité annoncée de 30 000 tonnes par an. Le tout selon un processus dont on ne sait pas grand-chose — car son brevet est en instance — si ce n’est qu’il n’utilise ni chaleur ni produits chimiques. La start-up l’annonce respectueux de l’environnement.

REGEN Fiber affirme par ailleurs être d’ores et déjà en mesure de recycler à l’échelle commerciale les déchets de fabrication des pales d’éolienne les plus récentes. Ils finiraient en microfibres et en additifs susceptibles de renforcer, eux, l’asphalte ou d’autres matériaux composites.

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