Au niveau mondial, moins d’un tiers de l’électricité est issue de sources renouvelables. Quelques pays font pourtant figure d’exemples en la matière, en couvrant la totalité ou quasi-totalité de leurs besoins en électricité à partir des énergies renouvelables (éolien, solaire, hydraulique, géothermie et biomasse). Voici lesquels.

Certains pays atteignent bel et bien un mix électrique 100 % renouvelable, selon les données compilées par Our World In Data [1]. En 2021, ils étaient une petite poignée à pouvoir se vanter de rentrer dans cette catégorie et une quinzaine à avoir un mix contenant plus de 90 % de renouvelables.

Toutefois, ces performances sont majoritairement obtenues par l’exploitation de l’hydroélectricité, dans des pays faiblement peuplés et bénéficiant d’une géographie très avantageuse. À ce jour, aucun pays n’est parvenu à atteindre un taux de 100 % de renouvelables principalement avec les filières éoliennes et solaires. Enfin, certains États très éloignés d’un mix 100 % renouvelable bénéficient d’une électricité peu carbonée grâce à l’utilisation du nucléaire.

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L’Islande

En Islande, la totalité de l’électricité consommée provient de sources renouvelables, en majorité de centrales hydroélectriques (73 % en 2015), mais aussi de centrales géothermiques [2]. Par ailleurs, si on prend en compte le mix énergétique global du pays, l’Islande est également le pays le plus décarboné au monde, avec 79 % de l’énergie consommée issue de sources bas-carbone en 2019. 85 % des maisons y sont chauffées par géothermie.

Notons aussi que l’Islande est le plus grand producteur d’énergie « verte » par habitant, et le plus grand producteur d’électricité par habitant au monde. Sa population ne dépasse pas 372 000 âmes, soit à peu près autant que la ville de Nice. À titre de comparaison, la moyenne européenne est inférieure à 6 000 kWh, alors qu’elle est d’environ 55 000 kWh par personne et par an en Islande. Le pays a attiré de nombreuses industries électro-intensives afin d’écouler sa production hydraulique abondante, bas-carbone et bon marché.

Le Bhoutan

Dans ce petit pays himalayen de 777 000 habitants, enclavé entre l’Inde et la Chine, la totalité de l’électricité provient de centrales hydroélectriques [3] et le mix énergétique était, en 2019, à 84 % renouvelable.

Le Népal

Si la quasi-totalité de l’électricité produite au Népal provient de centrales hydroélectriques, le pays n’est pas un gros consommateur d’énergie électrique. En effet, le Népal étant un pays très rural, la biomasse représente 86 % de la consommation totale d’énergie, tandis que l’électricité ne représente que 2 % [4], ce qui est typique des pays en développement.

Le Népal possède par ailleurs un énorme potentiel hydroélectrique, la capacité des rivières népalaises étant estimée à 83 000 MW, ce qui laisse un potentiel de développement énorme, car la capacité installée actuellement ne dépasse pas 650 MW (soit 1 % du potentiel disponible). Rassurant pour le développement de ce pays de 30 millions d’habitants.

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Les pays proches du 100 % renouvelable

La Norvège

Bien qu’elle soit un grand producteur de gaz et de pétrole, la Norvège possède un mix électrique à 98 % décarboné [5] (92 % hydroélectricité, 6 % éolien et 2 % résiduels de gaz fossile et biomasse). Par ailleurs, c’est le pays membre de l’AIE qui possède la part la plus élevée d’électrification de son mix énergétique.

Le Costa Rica

Avec un mix dominé par l’hydraulique (63 %), la géothermie (14 %) et l’éolien (16 %), ce pays de 5,1 millions d’habitants revendique une électricité à 96 % d’origine renouvelable. Le Costa Rica doit encore se débarrasser des générateurs alimentés aux énergies fossiles, principalement du fioul.

L’Uruguay

Avec un profil électrique proche du Brésil (42 % d’hydraulique, 37 % d’éolien, 7 % de biomasse et 3,6 % de solaire), les 3,4 millions d’Uruguayens profitaient d’un mix à 90 % renouvelable, et donc bas-carbone en 2022.

Le Brésil

Les barrages brésiliens ont couvert 64 % de la consommation électrique du pays en 2020 selon l’AIE. Une production bas-carbone complétée par l’éolien (9 %), le nucléaire (2 %) et le solaire (2 %). En comptant la biomasse (9,5 %) et le nucléaire (2,4 %), le mix électrique du Brésil est à 86 % bas-carbone, dont 82 % renouvelable.

La Nouvelle-Zélande

En alliant hydroélectricité (62 %), géothermie (19 %) et éolien (7 %), la Nouvelle-Zélande a produit et consommé de l’électricité à 88 % renouvelable et bas-carbone en 2022. Si le pays continue à consommer un peu de gaz et de charbon, il prévoit d’abandonner les fossiles, notamment grâce au stockage d’électricité de grande ampleur.

• Les autres pays

Enfin, s’ils n’atteignent pas les 100 % de production d’électricité renouvelable, de nombreux pays d’Afrique en sont proches [6], grâce à l’énergie hydroélectrique, au solaire et aux centrales à biomasse. En revanche, les chiffres sont à relativiser, car les moyens de production couvrent rarement l’ensemble des besoins de la population.

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Les pays champions de l’électricité bas-carbone

Environ 38 % [7] de l’électricité produite dans le monde provient de sources à faible teneur en carbone, qui rassemblent renouvelables et nucléaire. De ce total, environ 10 % de cette électricité provient du nucléaire pour 28 % de renouvelables. Certains pays se démarquent grâce à leur mix alliant ces deux modes de production :

La Suède

En 2022, le mix électrique de la Suède était à 98 % bas-carbone grâce au nucléaire (30 %) et à 68 % de sources renouvelables.

La France

Malgré la défaillance de nombreux réacteurs nucléaires, la France a consommé de l’électricité à 88 % bas-carbone en 2022, dont 63 % de nucléaire pour 25 % d’énergies renouvelables et seulement 12 % d’énergies fossiles [8] (du gaz, principalement).

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L’éolien et le solaire progressent rapidement

Si l’hydroélectricité a souvent un rôle important pour les pays dont la production d’électricité renouvelable avoisine les 100 %, la production mondiale de solaire et d’éolien est néanmoins en hausse (23 % et 14 % respectivement en 2021). En revanche, ces chiffres encourageants ne doivent pas faire oublier l’augmentation de 9 % de la consommation de charbon, une tendance qui s’est malheureusement confirmée en 2022 pour de multiples raisons.

Paradoxalement, selon l’IEA [9], « les économies émergentes et en développement d’Asie devraient augmenter leur consommation de charbon pour alimenter leur croissance économique, même si elles utilisent davantage d’énergies renouvelables. »

Et le mix énergétique mondial ?

Enfin, si un tiers de l’électricité produite dans le monde est issue de sources bas-carbone, n’oublions pas que l’électricité représente seulement une partie de l’énergie totale que nous consommons et que la décarbonation de l’électricité n’est qu’une étape vers un système énergétique à faible émission de carbone. Car, si l’on considère la production énergétique globale, ce chiffre ne dépasse pas 16 %, nucléaire et énergies renouvelables comprises.

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[1] Sur la base des statistiques fournies par BP Statistical Review of World Energy (2022), Ember’s Yearly Electricity Data (2023) et Ember’s European Electricity Review (2022)

[2] https://www.government.is/topics/business-and-industry/energy/

[3] https://www.irena.org/-/media/Files/IRENA/Agency/Statistics/Statistical_Profiles/Asia/Bhutan_Asia_RE_SP.pdf

[4] https://nepal.gov.np:8443/NationalPortal/view-page?id=92

[5] https://www.connaissancedesenergies.org/3-grandes-donnees-energetiques-retenir-sur-la-norvege-220705

[6] Namibie, République centrafricaine, Lesotho, République démocratique du Congo, Zambie, Éthiopie, Kenya…

[7] 38,49 % pour 2020 et 38,2 % pour l’année 2021 selon Our World in Data

[8] https://www.connaissancedesenergies.org/bilan-electrique-de-la-france-en-infographies-que-retenir-de-2022-230216

[9] Pour la première fois de l’histoire, l’humanité a brulé 8 milliards de tonnes de charbon en une année https://www.iea.org/news/the-world-s-coal-consumption-is-set-to-reach-a-new-high-in-2022-as-the-energy-crisis-shakes-markets