La Chine détiendra au moins 80 % des capacités mondiales de production de polysilicium, des wafers, des cellules et des modules pour les 6 prochaines années, selon un rapport de Wood Mackenzie.

D’après le rapport « how will China’s expansion affect global solar module supply chains? », la Chine est la puissance qui possèdera 80 % des capacités de production mondiales de polysilicium, wafers, cellules et modules. Elle est donc capable, dès aujourd’hui, de répondre à la demande annuelle mondiale actuelle en panneaux solaires (163 GW) et prévisionnelle mondiale en 2032 (359 GW).

Quant à l’UE, qui a besoin d’installer 55 GW de photovoltaïque (PV) en 2023, elle ne parvient pas à répondre à sa propre demande comme les États-Unis. Ces deux régions ne fabriquent presque aucun wafer ni aucune cellule. Côté asiatique, la domination n’est pas près d’infléchir. Par exemple, la Chine devrait connaître un taux de croissance de 38 % par an pour sa production de modules. C’est 26 % pour l’Inde, qui pourrait devenir le 2ᵉ producteur mondial, loin derrière la Chine dont la capacité sera 4 fois supérieure à celle du second pays le plus peuplé au monde, en 2026.

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Pourquoi la Chine domine le marché de la fabrication de panneaux solaires ?

Il existe deux types de cellules qui vont transformer le rayonnement solaire en électricité : les cellules de type N (comme négatif), dopées en phosphore, plus riche en électrons que le silicium, et les cellules de type P (comme positif), dopées en bore, moins riche en électrons que le silicium. Les deux fonctionnent ensemble.

Traditionnellement, les cellules PV sont de type P, c’est-à-dire qu’elles ont une base principale de silicium dopé P et une couche émettrice de type N. Les cellules de type N, moins sujettes aux recherches jusqu’à présent, ont de meilleurs rendements que leurs homologues P. Les développements limités et la durée de vie prolongée de ces cellules intéressent tout particulièrement la Chine, qui vise 95 % des parts de marché sur ces cellules. Bien qu’elles soient encore plus onéreuses, elles sont plus durables, car moins dégradées dans le temps par la lumière.

Aussi, la Chine étouffe la concurrence en intégrant verticalement sa chaine de fabrication. Elle parvient à réduire sa marge pour gagner des parts de marché, ce que les concurrents présents sur l’assemblage final ne pourront pas faire. La marge de ces derniers a disparu dès le 3ᵉ trimestre 2023 et ils seront forcés à produire à perte, note le rapport. En septembre 2023, la Chine parvenait à produire des modules PV à un prix de 0,15 US$/W. L’UE, de son côté, pratique un prix deux fois plus élevé et les États-Unis trois fois plus. L’Inde, avec ses 0,26 US$/W, tire son épingle du jeu en pratiquant un prix voisin de l’UE.

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Quelles politiques publiques pour développer la filière ?

La Chine profite de la baisse des prix des matières premières (le silicium étant deuxième élément le plus abondant dans la croûte terrestre) et d’une compétition accrue sur le marché des cellules photovoltaïques qui a fait baisser les prix. Les États-Unis ont pris la mesure de leur retard et leur plan massif d’avantages et subventions, l’IRA, leur permet de développer leur filière PV. Ils restent tout de même vulnérables aux matières premières importées.

Les taxes douanières (25 %) que l’Inde a appliqué à ses frontières augmente le prix des panneaux solaires importés. Cette taxe monte à 40 % pour les produits en provenance de Chine. L’Inde vise le marché américain, très lucratif selon l’autrice du rapport Huaiyan Sun, alors même qu’elle ne parvient pas à répondre à sa demande intérieure. Le reste de l’Asie du Sud-Est bénéficie de l’implantation des usines chinoises sur leur territoire pour 64 % de la puissance installée, en partie dans le but de contourner les sanctions américaines. L’UE hésite dans la taxation de la Chine, car elle vise à réduire sa dépendance et non l’autonomie totale.

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