La rumeur est partie d’une brève publiée par le magazine Challenges. Un « plan confidentiel » préserverait Paris et ses communes mitoyennes de toute coupure d’électricité en cas de pénurie. Non sourcée, l’information a été rapidement démentie par RTE, le gestionnaire du réseau de transport.

« Dans son plan confidentiel de coupure partielle d’électricité en cas de coupure énergétique majeure, le gestionnaire du réseau d’électricité RTE a finalement épargné totalement Paris et la petite couronne, à la fois pour des raisons techniques et au regard de la grande densité des sites stratégiques. La Bretagne et Paca seront les premières régions touchées par ces éventuels délestages » publiait le magazine économique Challenges, dans son édition du 5 janvier.

Une indiscrétion qui, relayée sur les réseaux sociaux, a lancé un début de polémique. Sur Twitter, le gestionnaire du réseau a vite éteint le départ de feu. « RTE dément cette information. Paris et sa petite couronne pourraient être concernés en cas de coupures organisées » affirme la filiale d’EDF, qui renvoie à la foire aux questions de son site monecowatt pour en savoir davantage.

L’exception de Paris et sa petite couronne

Dans ce document, le pilote du réseau nous apprend que « dans chaque département, la liste des usagers prioritaires [donc épargnés par les coupures organisées, NDLR] ne doit pas représenter plus de 38 % de la consommation d’électricité du département. À l’exception des territoires présentant une concentration d’infrastructures prioritaires qui soutiennent l’ensemble du pays ». Ainsi, à Paris et sa petite couronne, « la liste des sites prioritaires, du fait de la conception du réseau électrique parisien et de sa densité, fait que seuls 20 % de la consommation d’électricité peut être coupée », précise RTE.

Habiter à Paris ou dans ses communes mitoyennes semble donc exposer à un risque moins élevé de délestage, mais pas inexistant. Le gestionnaire du réseau ne s’est toutefois pas expliqué sur les régions Bretagne et PACA, qui pourraient être les premières concernées lors de coupures selon Challenges. Ces deux territoires sont des « péninsules électriques », c’est-à-dire qu’elles consomment nettement plus d’électricité qu’elles n’en produisent. Cela n’explique cependant pas pourquoi elles seraient davantage touchées par les délestages tournants, qui, a priori, ne s’appliqueront pas en fonction de la distance entre un consommateur et une centrale électrique.

À lire aussi Pourquoi vos panneaux solaires ne vous sauveront pas d’un blackout ?

Une histoire de ligne à 20 000 volts

Selon un compte Twitter spécialisé sur l’opendata des réseaux électriques et télécoms, « la topologie du réseau permet tout à fait de couper du monde tout en préservant les sites stratégiques ». Une affirmation confirmée par le vulgarisateur énergie Dimitri Ferriere alias Mr Bidouille, dans sa récente et très étayée vidéo sur les coupures d’électricité.

« Vous êtes peut-être branchés sur une ligne prioritaire sans le savoir » explique le youtubeur. En effet, à partir d’un poste source, le distributeur Enedis (qui gère l’extrémité du réseau électrique) peut choisir d’éteindre une ligne 20 kV, qui dessert quelques milliers de personnes et potentiellement un hôpital, une caserne de pompiers, un bâtiment de l’Etat, etc. Les coupures peuvent ainsi s’effectuer avec une résolution relativement fine. Quoi qu’il en soit, le risque de délestage semble sérieusement s’écarter cet hiver, à la faveur de températures extrêmement « douces ».

À lire aussi Les opérateurs télécoms inquiets du risque de blackout