Pour sauver le climat, les gens font poser des panneaux solaires sur les toits de leur maison. En Australie, surtout. Mais des chercheurs tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme. Pour ne pas ruiner ces efforts, il faut planifier l’élimination écologique de ces panneaux devenus obsolètes.

En quelques années, l’Australie est devenue le pays qui compte le plus de capacité de production solaire installée par habitant. De l’ordre de 1 kWc/hab. Déjà, la capacité solaire photovoltaïque du pays dépasse celle de la production d’électricité à partir de charbon. Et, à la faveur de la fermeture d’une centrale de 2 000 MW en Nouvelles-Galles du Sud prévue le mois prochain, la capacité des panneaux solaires installés sur les toits australiens — elle est de l’ordre de 20 GW — pourrait, à elle seule, suffire à devancer la capacité fossile. Mais cela ne doit pas faire oublier que moins de 15 % de l’électricité produite en Australie est aujourd’hui d’origine solaire. Quand près de 70 % de l’électricité du pays reste produite à partir de charbon.

Pourtant, ce qui inquiète aujourd’hui les experts est encore ailleurs. Une étude menée par des chercheurs de l’université d’Australie du Sud pose en effet la question qui fâche : comment le pays parviendra-t-il à éliminer de manière écologique les 80 millions de panneaux solaires qui arriveront en fin de vie à partir de 2035 ? L’équivalent de 100 000 tonnes de déchets. Et le chiffre pourrait même monter jusqu’à 1 million de tonnes de déchets avant 2050, compte tenu de l’engouement des Australiens pour le solaire.

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Le recyclage des panneaux solaires

Recycler des panneaux solaires ne coule pas de source. Il faut mobiliser une filière lourde pour séparer chacun des composants. Rappelons aussi que les polymères résistants aux intempéries qui sont utilisés dans les panneaux solaires libèrent du fluorure d’hydrogène lorsqu’ils sont brûlés. Un gaz irritant qui peut provoquer des nausées ou même des œdèmes pulmonaires, normalement filtré dans les usines aux normes.

D’un point de vue strictement économique, il apparaît aussi important d’organiser l’élimination de tous ces panneaux solaires. Pour récupérer le silicium qu’ils contiennent, notamment. Le matériau est certes abondant. Mais la demande explose. Les chercheurs estiment déjà à plus de 7 milliards de dollars la valeur du silicium utilisé pour construire les quelque 3 milliards de panneaux solaires installés dans le monde. La filière pourrait être rentable.

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Des solutions à organiser

Comme dans certains pays d’Europe, des interdictions d’enfouissement sont déjà en place dans certains États australiens. De quoi éviter la libération dans l’environnement de matériaux potentiellement toxiques. L’outil est puissant, jugent les chercheurs. Surtout parce qu’il encourage à penser le recyclage des panneaux solaires dès le stade de la fabrication. Voire au moment du démontage. Avec le retrait des cadres ou des couvercles en verre. Les chercheurs proposent aussi de réutiliser certains panneaux solaires qui pourraient toujours fonctionner avec une certaine efficacité.

Pour encadrer tout cela et éviter les dérives, il faudra légiférer et investir dans une industrie qui n’en est aujourd’hui encore qu’à ses balbutiements. Le Département du changement climatique, de l’énergie, de l’environnement et de l’eau a d’ailleurs déclaré que le gouvernement australien travaille avec les parties prenantes pour concevoir un programme de gestion des déchets de la filière énergie solaire. Et déjà, des usines ont été désignées pour recevoir les panneaux solaires déclassés.

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