Après les éoliennes, les panneaux solaires veulent aussi prendre la mer. Si le photovoltaïque offshore est nettement moins développé, plusieurs sociétés tentent de faire émerger cette nouvelle filière, qui doit encore prouver son intérêt économique et environnemental. À Sète (Hérault), une start-up vient de poser un premier jalon en mettant à l’eau la toute première centrale solaire flottante marine de France.

Installer des panneaux photovoltaïques sur l’eau n’est pas nouveau. En France comme dans le monde, de nombreuses centrales solaires flottantes déployées sur des lacs, canaux et autres réservoirs artificiels sont déjà exploitées. Toutefois, rarissimes sont les fermes solaires placées dans les mers et océans. Plusieurs tests ont déjà eu lieu, pas toujours concluants, sans jamais décourager les jeunes sociétés qui tentent de développer cette filière.

En France, l’une d’elles baptisée « SolarinBlue » a discrètement conçu sa propre technologie de centrale solaire flottante offshore. Depuis les quais du port de Sète-Frontignan (Hérault), l’entreprise montpelliéraine vient de mettre à l’eau 2 des 25 unités de son projet « Sun’Sète ». Il s’agit d’une ferme photovoltaïque de 5 000 m² pour une puissance de 300 kWc, qui sera progressivement remorquée à 1,5 km au large d’ici quelques semaines.

L’installation du premier module sur le port de Sète / Images : SolarinBlue.

Une centrale flottante saillant à 3,5 m au-dessus de l’eau

Chaque unité de 12 m de long pour 9 m de large accueille 20 panneaux, montés sur une structure en treillis métallique (acier galvanisé traité) et maintenue à la surface par des flotteurs en polyéthylène haute densité (PEHD) recyclé. Contrairement à certains concepts, celui-ci apparaît particulièrement léger et de conception simple. Une de ses originalités est de maintenir les panneaux éloignés de la surface de l’eau, grâce à un tirant d’air de 3,5 m.

Ainsi, « les panneaux ne sont jamais en contact avec les vagues » assure la société. Malgré cette surélévation, l’impact visuel serait « nul au-delà de 3 km ». Par ailleurs, les unités résisteraient « à des creux de 12 m et à des vents de 200 km/h » et bénéficieraient d’une durée de vie de 30 ans.

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L’ensemble est stabilisé par des ancres hélicoïdales que SolarinBlue estiment « écologiques ». Ces ancres sont en effet vissées au fond sableux, occupant ainsi un faible espace et ne trainant pas au sol. À Sète, la profondeur du site d’implantation ne dépasse par 15 m, ce qui est particulièrement faible. La société ne précise pas la profondeur maximale compatible avec ses unités.

Un câble sous-marin permet ensuite d’exporter la production, estimée à 400 MWh annuels pour sa première centrale et qui profitera aux installations du port de Sète. Ce démonstrateur devrait être mis en service d’ici la fin 2023. Il permettra à SolarinBlue d’étudier la résistance des matériaux à l’environnement marin, la production électrique, mais également le potentiel de la technologie, avant « son développement à grande échelle ».

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