Entre l’objectif de « zéro émission nette » fixé par l’Europe et la volonté d’accroître son indépendance énergétique, la Grande-Bretagne a choisi d’appuyer sur l’accélérateur de l’hydrogène (H2). En revoyant ses objectifs de production renouvelable, mais aussi ses ambitions d’injection sur le réseau.

En Grande-Bretagne — comme un peu partout ailleurs —, l’usage de l’hydrogène (H2) reste confidentiel. Mais cela pourrait très rapidement changer. L’objectif : remplacer le gaz fossile qui circule dans les réseaux britanniques par un hydrogène plus propre. Parce que, comme le souligne dans la presse d’outre-Manche le directeur général de National Gas, l’opérateur du réseau, « un jour d’hiver, il y a sept fois plus d’énergie qui transite par le réseau de gaz que par le réseau d’électricité. Nous devons chercher des moyens de décarboner cela ». Des projets pilotes ont déjà été menés. Mais une vraie première étape d’ampleur est désormais en vue : injecter entre 2 et 5 % d’hydrogène dans le réseau dès 2025.

Il faut savoir que de l’hydrogène était déjà régulièrement mélangé au gaz fossile distribué par les réseaux, notre « gaz de ville ». Mais il s’agissait là de très faibles proportions — de l’ordre de 0,1 % en Grande-Bretagne — d’un hydrogène produit à partir de charbon ou de pétrole, dont l’empreinte carbone est élevée. C’est d’ailleurs encore le cas de la plus grande part de l’hydrogène produit en Europe aujourd’hui.

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Les chaudières à hydrogène bientôt obligatoires ?

L’idée d’en injecter dans les réseaux de gaz ne vaudra donc qu’à partir du moment où cet hydrogène sera produit de manière respectueuse de l’environnement. Par électrolyse de l’eau à partir d’une source d’électricité renouvelable, par exemple. La Grande-Bretagne avait d’ailleurs appelé, l’année dernière, au doublement de 5 à 10 gigawatts (GW) de son objectif de production d’hydrogène « vert » d’ici 2030. Comptant notamment pour cela sur son éolien offshore.

D’autre part, les chaudières fonctionnant à l’hydrogène pourraient devenir obligatoires dans les nouvelles constructions du pays à partir de 2026. Avec le bémol que la combustion de l’hydrogène, si elle ne produit pas de carbone, génère des oxydes d’azote (NOx) qui n’ont pas grand-chose à envier au dioxyde de carbone (CO2) en matière d’impact sur l’environnement. National Gas assure par ailleurs que les appareils électroménagers actuels fonctionneraient toujours avec un mélange à 20 % d’hydrogène. Un chiffre vers lequel de nombreux opérateurs travailleraient déjà pour 2028 et que l’Allemagne met à l’épreuve du terrain.

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L’Europe organise le transport de l’hydrogène

Depuis l’automne dernier, des familles sont alimentées par un mélange de gaz fossile et d’hydrogène renouvelable à hauteur de 8 % pour l’heure, mais d’ici la fin du mois de février, de 20 % puis de 30 % d’ici mi-mars. L’objectif affiché étant clairement de montrer la faisabilité d’un passage à 100 % d’hydrogène vert en remplacement du gaz fossile.

GRTgaz, le principal gestionnaire du réseau français — sur lequel des projets pilotes ont aussi été menés —, de son côté, travaille ardemment au développement d’un réseau de transport dédié à l’hydrogène. Un projet de 100 km de canalisations est en cours en Alsace. Avec des interconnexions envisagées justement avec l’Allemagne et la Suisse. Alors que le réseau de gaz fossile français compte 32 500 km de canalisations, ce réseau hydrogène pourrait s’étendre sur 28 000 km dès 2030 et sur 53 000 km en 2040.

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Des entreprises allemandes viennent, quant à elles, d’annoncer leur ambition de convertir des gazoducs à haute pression pour transporter de l’hydrogène, risques de fuite accrus, résistance des matériaux à valider, etc, sur une sorte de corridor de plus de 1 000 km de long, de la mer Baltique jusqu’au sud du pays, là aussi d’ici 2025. Le tout pour une capacité allant jusqu’à l’équivalent électrique de 20 réacteurs nucléaires. Desservant initialement l’Allemagne, l’objectif est que le réseau soit relié à l’île danoise de Bornholm en 2027 et ajoute des liaisons vers l’Autriche, la République tchèque, la Pologne et la France à partir de 2030.