AccueilÉolienCet État paye les éoliennes pour qu'elles arrêtent de produire de l'électricité

Cet État paye les éoliennes pour qu'elles arrêtent de produire de l'électricité

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Par Nathalie MAYERPublié le 16 juin 2025
Illustration : Getty, Pixabay, modifiée par RE.

Le Royaume-Uni a largement développé sa capacité de production éolienne. Mais le réseau électrique n’a pas suivi. Et ça pose aujourd’hui un problème.

En 2024, l’énergie éolienne est devenue, pour la première fois, la principale source de production d’électricité au Royaume-Uni. Devant le gaz fossile. Et c’est, sans aucun doute, une bonne nouvelle. Mais à y regarder de plus près, tout n’est pas aussi idyllique qu’il y parait. Car une grande partie de la capacité éolienne du pays se trouve en Écosse. Dans des zones rurales et côtières, pas suffisamment connectées au réseau national. Résultat, il arrive — de plus en plus fréquemment selon le dernier rapport annuel de NESO, l’opérateur du système énergétique du Royaume-Uni — que des parcs éoliens doivent être mis à l’arrêt dans la région. L’année dernière, la production de Seagreen, le plus grand parc éolien d’Écosse, a ainsi été limitée plus de 70 % du temps ! Alors même que des centrales à gaz doivent, elles, être lancées pour répondre à une demande qui existe ailleurs dans le pays.

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Une situation qui fait exploser les factures

D’un point de vue lutte contre le réchauffement climatique, cela manque de cohérence. Et d’un point de vue économique aussi. Car les opérateurs de parcs éoliens se voient alors verser des indemnités compensatoires. Pour Seagreen seulement, l’équivalent de plus de 75 millions d’euros l’année dernière ! Dans le même temps, les centrales à gaz sont payées pour produire plus.

Au total, NESO annonce avoir dépensé ainsi près de 600 millions d’euros sur l’exercice 2024/2025. Un montant qui pourrait atteindre près de 9,5 milliards d’euros par an dès 2030. C’est une bien mauvaise nouvelle pour les ménages qui pourraient voir leurs factures augmenter dramatiquement.

Vers un changement majeur sur le marché britannique ?

La solution envisagée par le gouvernement : créer plusieurs petits marchés régionaux de l’électricité pour remplacer le grand marché national dont les prix sont généralement dictés par le gaz. Comme cela a été fait en Suède. Pour les partisans de l’idée, il n’y aurait que des avantages. D’abord, faire immédiatement baisser les tarifs de l’électricité dans les régions bien dotées en énergies renouvelables. Puis, attirer les entreprises énergivores dans ces régions-là. Enfin, motiver les investisseurs à construire de nouveaux parcs plus près des zones de demande dans lesquelles les prix seraient restés plus élevés. Le tout évitant de multiplier les lignes et les infrastructures associées.

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Mais les avis ne sont pas unanimes. Certains soulignent que le gain sera minime une fois que le réseau aura été modernisé. Puisque la National Grid a d’ores et déjà programmé d’investir plus de 70 milliards d’euros dans un vaste programme d’adaptation sur les cinq prochaines années.

Du côté des constructeurs et des exploitants des énergies renouvelables aussi, on exprime quelques doutes. On craint, par exemple, que ce nouveau système alourdisse les investissements et rende les revenus plus incertains. Alors même que la hausse des prix des matériaux fait déjà augmenter le coût des énergies bas-carbone. Le mois dernier, le danois Orsted a ainsi annoncé abandonner un projet d’extension du parc éolien offshore Hornsea, au large des côtes du Yorkshire.

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