Une puissance cumulée d’au moins 1 700 GW de renouvelables est aujourd’hui bloquée dans la file d’attente de raccordement, un retard colossal qui met en péril les objectifs fixés pour 2030. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) appelle ainsi à rééquilibrer les investissements entre les énergies renouvelables et les réseaux électriques pour sortir de l’impasse.
Dans son rapport annuel publié ce mois d’octobre, l’AIE prévoit une croissance sans précédent des énergies renouvelables au cours des cinq prochaines années. À l’horizon 2030, ce sont 4 600 GW de nouvelles installations qui devraient sortir de terre. Ce serait l’équivalent des parcs électriques réunis de la Chine, de l’Union européenne et du Japon.
Un chiffre vertigineux, et pourtant insuffisant pour atteindre les objectifs. Lors de la COP28 à Dubaï, les États se sont engagés à tripler la puissance installée des renouvelables d’ici 2030 par rapport à 2022. Or, selon les projections de l’AIE, le rythme actuel ne permettrait qu’un facteur de 2,6.
Le rapport identifie plusieurs freins : lenteurs administratives, instabilité politique, difficultés de financement… Mais le principal obstacle, selon le directeur exécutif de l’AIE Fatih Birol, résiderait dans l’incapacité des réseaux électriques à absorber le flux croissant d’énergie verte. Il fait état de plus d’un millier de gigawatts de projets en attente de raccordement.
À lire aussi500 GW de batteries en attente de raccordement : pourquoi l’Allemagne est en plein délireSelon Fatih Birol, environ 1 700 GW de renouvelables seraient ainsi « dans la file d’attente, en attente d’être connectés au réseau », comme il l’a indiqué lors d’une conférence de presse pour la présentation du rapport annuel de l’agence.
Mais cette estimation pourrait être largement sous-évaluée. En mai dernier, le groupe de réflexion Ember, associé à plusieurs autres organismes, publiait un rapport mentionnant déjà 1 700 GW de projets en attente de raccordement dans seulement 16 pays européens. On peut donc raisonnablement penser que le volume total de projets bloqués dans le monde est bien supérieur à celui avancé par le directeur exécutif.
À lire aussiÉolien en mer : ces milliards que la France va débourser juste pour des câbles électriquesPour rattraper le retard et espérer atteindre les objectifs fixés pour 2030, les efforts doivent se concentrer sur l’intégration des renouvelables aux réseaux électriques selon Birol. Il s’agit notamment de déployer des solutions techniques permettant aux nouvelles centrales de se connecter de manière fiable au système électrique.
Aujourd’hui, les installations déjà connectées continuent de mettre sous pression les réseaux. Par ailleurs, on observe déjà une hausse des restrictions de production électrique et des récurrences des prix négatifs sur le marché de l’électricité. L’urgence est donc réelle, avec un besoin d’investir massivement dans les réseaux. Selon Fatih Birol, pour chaque dollar investi dans la production d’énergie renouvelable, à peine un demi-dollar est actuellement consacré aux infrastructures réseau, un déséquilibre qu’il est impératif de corriger.
Les investissements devraient être orientés en priorité vers trois axes : la modernisation des réseaux existants, le déploiement de solutions de stockage et le développement de systèmes favorisant la flexibilité du réseau, capables d’adapter rapidement l’offre à la demande.
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