Face à la précarité énergétique en Afrique subsaharienne, des solutions émergent sur la scène internationale. Dans le cadre de leur étude, une équipe internationale de chercheurs dirigée par l’Université technologique de Chengdu en Chine propose la création d’un vaste réseau électrique traversant 12 pays d’Afrique subsaharienne. L’objectif principal de cette démarche serait d’offrir une réponse rapide et efficace à la précarité énergétique chronique qui sévit sur le sous-continent, tout en mettant l’accent sur les énergies renouvelables.

L’Afrique subsaharienne, malgré les avancées mondiales vers des sources d’énergie plus durables, demeure une région où la précarité énergétique est profondément ancrée. Selon les données de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), près de 620 millions d’habitants (environ les deux tiers de sa population), vit sans accès à l’électricité. De plus, un chiffre encore plus inquiétant révèle que près de 730 millions de personnes dépendent toujours de la biomasse traditionnelle comme principale source d’énergie pour leurs besoins culinaires.

Par ailleurs, alors que le taux d’accès à l’électricité à l’échelle mondiale avoisine les 90 %, plus de la moitié de la population de cette région spécifique est privée d’une alimentation électrique stable. La consommation électrique par habitant y est également dérisoire, avec une moyenne de seulement 200 kWh par an, faisant de l’électricité une mince fraction de la consommation énergétique totale des habitants.

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Plusieurs obstacles majeurs freinent l’électrification de la région subsaharienne. Les coûts prohibitifs liés à la connexion au réseau électrique, les entraves socio-économiques, une corruption endémique parmi les fournisseurs d’électricité, sans oublier les complications associées aux zones d’habitation informelles, sont autant de facteurs qui contribuent à cette situation préoccupante.

Un réseau transnational pour combattre la précarité énergétique

Face à cette situation alarmante, une équipe internationale de chercheurs a élaboré un projet ambitieux pour apporter une solution concrète à la précarité énergétique en Afrique subsaharienne. Leur proposition repose sur la création d’un vaste réseau centralisé de transport d’électricité renouvelable qui s’étendrait à travers 12 pays clés du continent : Mali, Niger, Nigéria, Tchad, Soudan, Éthiopie, Ouganda, Kenya, Tanzanie, Burundi, Mozambique et Afrique du Sud.

Le choix de ces nations n’a pas été fait au hasard. Ces pays ont été méticuleusement sélectionnés en fonction de plusieurs critères, notamment la disponibilité des données énergétiques, leur proximité géographique avec d’autres pays disposant d’informations suffisantes, la taille de leur territoire et leur position économique dans la région. Les chercheurs, dans leur étude, ont adopté une vision à long terme, se projetant jusqu’en 2040. Selon leurs analyses, la demande en électricité des pays concernés pourrait atteindre 678 TWh/an d’ici 2030. Cette demande est appelée à croître, avec une estimation de 760 TWh/an à l’horizon 2040.

Un embryon de réseau panafricain 🔎
Quatre lignes haute tension à courant continu (HVDC) traversent déjà une partie de l’Afrique subsaharienne. La première, nommée « Cahora Bassa » s’étend sur 1 200 km et relie le Mozambique à l’Afrique du Sud depuis 1979. La seconde, « Inga-Shaba », mise en service en 1982, court sur 1 700 km à travers le Congo. La troisième, « Caprivi Link » relie l’ouest à l’est de la Namibie sur 950 km. La plus récente ligne HVDC d’Afrique, « Ethiopie – Kenya », est également la plus longue, avec 1 045 km branchés fin 2022.
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Des scénarios énergétiques innovants pour un avenir durable

Dans cette étude, l’équipe a établi six scénarios établis sur des sources d’énergies renouvelables pour répondre aux besoins énergétiques prévus pour 2030 et 2040. Les chercheurs ont identifié que, compte tenu des conditions géographiques et climatiques, le déploiement de centrales solaires et éoliennes terrestres serait le plus adapté. Ces centrales solaires englobent des systèmes photovoltaïques, mais également des centrales solaires à concentration (thermodynamiques). Concernant le stockage, l’équipe a opté pour la STEP (station de transfert d’énergie par pompage-turbinage) comme unique technologie de stockage en raison de son efficacité et de sa fiabilité.

Dans ces scénarios, l’installation de centrales utilisant une seule technologie (photovoltaïque, concentration solaire ou éolien terrestre) a d’abord été envisagée. Ensuite, les chercheurs ont également exploré la combinaison des trois technologies. Ces scénarios, bien que diversifiés, ont tous un objectif commun : fournir une énergie propre, fiable et durable à l’Afrique subsaharienne, tout en tenant compte des réalités et des défis propres à chaque pays.

Le tracé de la ligne imaginée par les universitaires / Image : Chengdu University of Technology.

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Synthèse des scénarios : une vision claire des solutions envisagées

Pour offrir une vision claire et concise des différentes solutions envisagées par les chercheurs, nous avons compilé un tableau récapitulatif. Celui-ci met en lumière les éléments clés de chaque scénario : la technologie utilisée, la puissance nécessaire pour répondre aux besoins en électricité pour 2030 et 2040, la capacité de stockage requise, ainsi que le coût des investissements.

Technologie

Année d’achèvement

Puissance installée requise (GW)

Capacité de stockage requise (GWh)

Investissement total (milliards de dollars)

Technologie unique

Solaire photovoltaïque

2030

665

1 450

652

2040

917

1 800

1 078

Solaire à concentration

2030

443

1 550

2 780

2040

810

1 550

4 989

Éolien terrestre

2030

415

1 550

517

2040

448

2 300

533

Technologie hybride (Solaire à concentration
+ Photovoltaïque +
Éolien terrestre)

Hybride + Stockage de faible capacité

2030

444

1 550

1 023

2040

529

1 750

1 217

Hybride + Stockage de forte capacité

2030

321

13 500

810

2040

376

16 900

980

Hybride sans stockage

2030

130,5

298

2040

162

439

Il est important de noter que dans le dernier scénario sans dispositif de stockage, les besoins en électricité seraient comblés par les installations déjà existantes. Cela signifie qu’on pourrait s’appuyer sur des sources d’énergies fossiles pour répondre à la demande. Cette approche offrirait une solution transitoire, mais soulève des questions sur la durabilité et l’impact environnemental.

Après analyse approfondie des différents scénarios, l’équipe de chercheurs a identifié une solution qui se démarque des autres. Bien que ce ne soit pas l’option la moins coûteuse en termes d’investissement, la solution hybride associée à une technologie de stockage de très haute capacité est considérée comme la plus réalisable. Cette approche, selon eux, offre le meilleur équilibre entre coût, efficacité et durabilité, et représente une réponse solide aux défis énergétiques de l’Afrique subsaharienne.

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