Les kilomètres de digues qui courent le long des fleuves et canaux peuvent-ils produire efficacement de l’électricité décarbonée ? Pour étudier cette question, la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) a lancé un prototype de centrale solaire à panneaux bifaciaux verticaux.

Agriculture, logements, activités, nature ou photovoltaïque ? Assigner une vocation à un terrain est parfois un choix cornélien. Pour ne plus avoir à faire de compromis, il est possible de placer les centrales solaires sur des espaces partagés ou sans concurrence. Les parcs photovoltaïques peuvent par exemple s’associer aux exploitations agricoles ou se déployer sur des plans d’eau industriels. Demain, ils investiront probablement la superficie vacante des digues. La Compagnie Nationale du Rhône (CNR), qui gère plus de 400 km de digues le long du fleuve éponyme, a lancé un démonstrateur solaire en ce sens.

Pourquoi placer les panneaux à la verticale ?

À Sablons (Isère), le producteur d’électricité 100 % renouvelable a posé des panneaux verticaux et bifaciaux sur 350 m du linéaire d’un canal d’amenée hydroélectrique. D’une puissance de 104 kWc, le site-test est composé de 2 rangées de modules (l’une au-dessus de l’autre) totalisant 3 mètres de hauteur. Les performances et la pertinence du concept seront étudiées durant l’exploitation. Si l’expérience est concluante, elle pourrait aboutir à l’érection de parc photovoltaïques linéaires « pouvant aller jusqu’à une dizaine de kilomètres » explique la CNR.

La disposition verticale des panneaux devrait à-priori offrir une production plus étalée au cours de la journée. Elle est en effet optimisée pour exploiter au mieux le rayonnement lors des levers et couchers de soleil, à des horaires où la consommation nationale est la plus forte. Avec de plus grandes longueurs de câbles qu’une centrale solaire classique, le parc linéaire accuserait toutefois des pertes énergétiques plus importantes.

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Une future centrale longue de 10 à 20 km

La centrale n’étant pas entourée de clôtures, elle permettra également d’évaluer la cohabitation avec le public. La digue est fréquentée par des promeneurs, vététistes et pécheurs, qui pourront approcher et toucher l’installation. Développé depuis 2017, ce démonstrateur a été retenu par l’appel d’offres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) pour le déploiement de centrales solaires innovantes.

Le projet sera complété par deux autres prototypes. Le premier consiste en une ombrière photovoltaïque qui s’étendra sur 1,5 km le long de la ViaRhôna. Prévu pour 2023, il sera composé de panneaux orientés est/ouest sous la forme d’une toiture. Long de 10 à 20 km, le troisième démonstrateur linéaire verra le jour en 2025, promet la CNR.

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