En France, on n’a pas de pétrole, mais certains au moins, on a de l’ambition. C’est le cas d’Eolink, une entreprise brestoise fondée en 2016, qui développe un nouveau concept d’éolienne flottante. La machine doit atteindre une puissance phénoménale de 20 MW pour une mise en service à l’horizon 2026.

Eolink est une entreprise française installée à Brest depuis 2016. Celle qui a été la première à mettre à la mer une éolienne flottante « made in France ». Avec une idée différente de celle des autres. Une éolienne montée sur quatre bras profilés plutôt que sur un seul et unique mât. Pour mieux répartir la charge sur la structure et minimiser la masse. Eolink évoque ainsi une économie de 30 % sur l’acier.

Le coût est aussi optimisé puisque l’éolienne devrait pouvoir être construite à terme « en série » sur un très classique chantier naval avant d’être remorquée en mer. Eolink annonce là un gain de l’ordre de 25 % et des besoins en maintenance réduit. Avec finalement, l’ambition de pouvoir proposer des éoliennes allant jusqu’à 20 MW.

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Fabrication roumaine avant d’être made in France

La preuve du concept a été faite dès 2016. Dans un bassin de test, sur un prototype à l’échelle 1/50 d’une machine équivalente à une éolienne de 12 MW. De quoi valider notamment la capacité de l’éolienne ancrée sur un point unique à s’orienter naturellement face au vent. Puis, en 2018-2019, Eolink a mis à l’épreuve son prototype à l’échelle 1/10. Un rotor de 20 mètres sur un flotteur de seulement 7 mètres. « Le meilleur rapport jamais présenté dans le monde de l’éolien flottant », selon l’entreprise brestoise.

Eolink s’est plus récemment lancée dans le développement d’un démonstrateur à l’échelle ¾, une éolienne flottante de 5 MW. Seulement la 4e au monde à atteindre ce niveau de puissance. Sa construction vient de démarrer sur un chantier roumain, en attendant que cela devienne techniquement possible du côté de Brest – les premiers investissements en ce sens pourraient intervenir d’ici 2027. Le flotteur est fabriqué sur mesure. Mais le reste des éléments est fourni par le commerce. Même si la turbine doit être légèrement adaptée pour pouvoir être fixée en ses deux extrémités.

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Du prototype à l’éolienne de 20 MW

Une de ces éoliennes pré-commerciales devrait commencer à produire d’ici l’été 2024 sur le site d’essai du Sem-Rev (Centrale Nantes), au large du Croisic (Loire-Atlantique). « Dans sa version 140 mètres, elle pourra produire jusqu’à 17 GWh par an », annonce Eolink. Une autre de ces éoliennes flottantes est attendue en mer Noire, au large des côtes bulgares, dans le cadre du projet Black Sea Floating Offshore Wind (BLOW) d’alimentation d’une plate-forme gazière. Celle-ci disposera justement de longues pales pour assurer une belle production dans une région moins venteuse.

En s’appuyant sur le travail réalisé sur cette première machine, l’entreprise brestoise espère ensuite lancer dès 2024, la fabrication d’éoliennes flottantes de 10 ou 13 MW avec un rotor de respectivement 185 ou 220 mètres de diamètre et un flotteur de près de 70 mètres de large. Le tout avec pour objectif d’être dans les temps pour positionner des versions 15 à 20 MW pour les décisions qui seront prises notamment d’ici 2025 ou 2026 pour l’équipement du parc éolien flottant de Bretagne-sud. Et de produire alors industriellement des éoliennes flottantes qui promettent une électricité à 35 €/MWh dès 2030.

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