Une récente étude finlandaise a évalué l’impact environnemental de l’énergie thermique nucléaire utilisée dans le chauffage urbain. Les résultats indiquent que le nucléaire est nettement plus propre que les sources traditionnelles (le gaz et le charbon) généralement employées dans ce secteur.
Le chauffage représente une part importante de la consommation énergétique des ménages. En 2022, il constituait plus de 63 % de la consommation finale dans le secteur résidentiel, selon la Commission européenne. Or, environ la moitié de cette énergie thermique est encore issue des sources fossiles. Dans un effort de décarbonation, Steady Energy, une entreprise finlandaise, envisage de construire un petit réacteur modulaire (SMR) dédié à la production de chaleur pour les réseaux urbains. Lancé officiellement en 2020, le projet a fait l’objet d’une étude récente menée par le centre de recherche technique VVT de Finlande. Celle-ci a évalué l’impact environnemental de ce futur SMR par rapport à d’autres sources d’énergie utilisées dans le chauffage urbain.
Une réacteur modulaire destiné au chauffage urbain
Le réacteur finlandais, nommé LDR-50, est conçu pour compléter les solutions de chauffage bas-carbone existantes telles que les pompes à chaleur et les systèmes fonctionnant aux gaz renouvelables. Il offre une puissance thermique de 50 MW et fonctionne à basse pression (moins de 10 bars) ainsi qu’à basse température (150 °C). Steady Energy planifie le début de sa construction pour 2028, et la première unité devrait être opérationnelle en 2030.
Un des éléments innovants (breveté en 2021) du LDR-50 est son système de sécurité passive. En cas de problème dans les échangeurs de chaleur, le dispositif de sécurité enclenche un système de refroidissement sans composants mécaniques et sans électricité. Pour mieux comprendre, il faut savoir que ce réacteur est composé de deux cuves métalliques emboîtées, avec de l’eau stockée entre elles. Si le système d’échange de chaleur est compromis, la température interne augmente et fait bouillir l’eau entre les cuves. La chaleur de cette eau bouillante est ensuite transférée vers la piscine du réacteur où elle s’y dissipe progressivement.
À lire aussi Ce quartier est chauffé et climatisé à l’eau de mer pour pas cherUne empreinte carbone relativement faible
Selon l’étude du centre de recherche VVT, le LDR-50 émet seulement 2,4 gCO2/kWh. Cette faible empreinte carbone a été calculée en utilisant le système standard d’analyse de cycle de vie (ACV). Ceci prend en compte les impacts environnementaux depuis la fabrication jusqu’au démantèlement du réacteur. Pour certaines étapes de vie du SMR, l’étude s’est toutefois appuyée sur des données basées sur les réacteurs classiques de grande puissance, mais au fur et à mesure que la technologie sera développée, de nouvelles données d’entrée pourront être introduites pour des résultats plus précis.
En comparaison avec le SMR, une centrale de chauffage urbain fonctionnant au gaz naturel émet 282 gCO2/kWh (soit 117 fois plus que le nucléaire), tandis que celle utilisant la houille atteint les 515 gCO2/kWh (soit 214 fois plus que le nucléaire), d’après l’étude. Même les centrales fonctionnant aux biocarburants, avec des émissions estimées entre 10 et 50 gCO2/kWh, restent supérieures à celles du nucléaire.
Il est important de noter que ces chiffres peuvent varier en fonction de la source de l’électricité utilisée dans le processus de production de chaleur dans la centrale. Cela explique les éventuelles variations des émissions entre les pays selon leur mix électrique. Par ailleurs, l’étude indique que les pays européens dont le mix repose principalement sur les sources fossiles, comme la Pologne et l’Estonie, bénéficieraient le plus de la réduction des émissions de CO2 grâce à l’adoption d’une centrale de chauffage nucléaire.
Des impacts environnementaux réduits
L’étude du centre de recherche VVT a également évalué d’autres impacts environnementaux du LDR-50. Plusieurs catégories d’impacts ont été analysées, dont l’écotoxicité dans les eaux douces, les émissions de particules, l’utilisation des terres, les effets sur la santé humaine, et bien d’autres. Les résultats montrent que les impacts environnementaux du chauffage nucléaire sont nettement inférieurs à la moyenne. Cet avantage est largement dû à la haute densité énergétique de l’uranium, c’est-à-dire la quantité d’énergie qu’il peut libérer. En effet, l’uranium-235 utilisé dans les réacteurs présente une densité énergétique de plus de 1 GWh/kg, contre seulement 15 kWh/kg pour le gaz naturel et 6 kWh/kg pour le charbon.
Si, en termes d’impacts environnementaux et d’émission de CO2, l’option nucléaire peut représenter une solution viable, le coût de sa mise en place pourrait toutefois être un frein à son adoption, selon les auteurs de l’étude.
L’avantage indéniable du nucléaire comme chauffage c’est qu’en cas d’accident, vous avez la livraison immédiate de la radioactivité dans votre radiateur à domicile !
Voilà pourquoi EDF n’a jamais déployé de réseau de chaleur !
Ce qui est inquiétant c’est qu’avec toutes nos centrales nucléaires, EDF n’a jamais développé ou cherché à développer des réseaux de chaleur. Comme d’hab, l’exemple vient d’ailleurs. Prenons la ville de Montélimar avec une centrale au nord et au sud…J’ai vraiment des doutes sur les compétences et les motivations de notre électricien national.
J’ai plutôt des doutes sur vos compétences… EDF essaie d’installer ses réacteurs loin des villes pour limiter (un peu) les dégâts en cas d’accident. Avec votre solution, on aurait une distribution immédiate de la radioactivité à domicile ! Plus besoin de fermer les fenêtres pour échapper aux radiations ! Et petite cerise sur le gâteau : qu’est-ce que vous faites de la chaleur l’été ? Vous demandez aux habitants de montelimar de mettre le chauffage chez eux pour refroidir les réacteurs ? Ou à EDF de doubler l’investissement avec des tours de refroidissement ? Vu le nombre de jours de… Lire plus »
Il me semble inutile de developer des réacteurs nucléaires dédies au chauffage urbain quand les réacteurs nucléaires existants pourraient très bien faire de la cogeneration au lieu de rejeter dans la nature leur chaleur excédentaire. C’est le cas en Finlande qui a déjà des réacteurs nucléaires. Et en France ce serait très intelligent sachant que nous avons des centrales nucléaires a 100 km de Paris et Lyon qui ont toutes deux déjà des réseaux de chaleurs existants qui ne demandent qu’a se developer.
Le stockage saisonnier de la chaleur étant relativement facile, la cogénération nucléaire avec les centrales existante leur offrirait aussi une beaucoup plus grande flexibilité et résoudrait les problèmes d’arrêt lors des canicules. Cependant les réseaux de chaleur sont des infrastructures assez longues à développer .
Il y a déjà pas mal de réseau de chaleur existants en France : https://france-chaleur-urbaine.beta.gouv.fr/carte Le tout serait de faire les liaisons avec les centrales. Il y a meme deja eu des etudes faites. Le vrai souci ce sont les pouvoirs publics qui sont sous influence ecologique ne voulant donc pas appuyer le nucleaire et d’EDF dont le metier est l’electrcite et qui ne veut donc pas se complexifier la vie avec d’autres debouches. Justement, une telle liaison permettrait de valoriser des investissements deja effectues, que ce soit dans les centrales nucleiares ou les reseaux de cahelurs urbains. Un stockage… Lire plus »
Ça parait logique, après tout ce n’est qu’un bouilloire donc inefficace pour transformer de l’énergie thermique en énergie électrique.
Utiliser l’énergie thermique directement pour ce qu’elle est (chauffer de l’eau) est plus efficace.
Ah bon ?
Est qu’est ce qui est efficace pour produire de l’électricité selon vous ?
Je sens que votre réponse va me faire rire.
Intéressant, 2030 a minima, il en faudra du temps que l’on n’a pas forcément pour déployer à grande échelle. Dommage que sur RE, le gaz soit toujours gentiment qualifié de « naturel ».
Le gaz est aussi naturel que le pétrole ou le charbon (présent dans la nature sans intervention de l’homme)
Les batteries ou panneau photovoltaïque, on ne peut pas en dire autant.
« naturel » entre guillemets car au final c’est une tromperie, les batteries sont « naturelles » aussi si on tord les définitions pour arranger la politique.
Il aurait fallu que la « taxonomie » définisse réellement ce qui est valable comme énergie renouvelable, ce que ni le gaz ni le nucléaire ne sont.
Hein ?
Pardon, mais le gaz naturel, on le trouve dans la nature, non ?
En quoi est-ce que des batteries seraient naturelles ?
Elles poussent dans les arbres ?
On en trouve en creusant le sol ?
Cela sort d’une usine à ma connaissance.
Je crois que vous confondez « renouvelable » et « naturel »
je tord aucune définition.
Gaz naturel, c’est la définition reconnue pour le gaz qu’on trouve dans les gisements souterrain.
vous avez raison sur tous les arguments evoques.
Mais….vous oubliez un risque majeur ; le risque terroriste.
Si vous l oubliez, d autres ne l oublierons pas et tout le monde en payera le prix fort
Ça sera mis dans des locaux ultra sécurisés genre coffre de banque.
Et ce risque existe déjà pour les gros réacteurs nucléaire d’aujourd’hui !
Les grands barrages sont bien plus risqués mais personne n’en parle jamais…
Ce qui est dommage, rien qu’en Chine on a vu les désastres, et plus récemment en Amérique latine il me semble.
En Ukraine c’est un barrage qui a été détruit, pas une centrale nucléaire.
https://www.internationalrivers.org/news/statement-on-the-dam-collapse-in-rio-grande-do-sul-brazil/
Je pense que en ce moment, tout le monde est bien conscient du risque terroriste.
Il est bien plus simple (mais moins spectaculaire) de faire un attentat avec une arme à feu ou un couteau que avec des matières radioactives qui viendraient d’un réacteur civil
Si mohamed atta avait atteint la centrale de New York avec son avion comme prévu en 2001, les New-Yorkais auraient eu le plaisir de déménager au fin fond du Texas et l’électricité en France serait à 100% renouvelable depuis plusieurs années. Pour info, des terroristes avait espionné la famille d’un directeur de centrale nucléaire Belge, a priori pour l’obliger par chantage sur sa famille. Quant à nos centrales qui ont toutes été survolées par des drones (que l’armée de l’air a pris en chasse mais n’a pas réussi à intercepter), ce ne serait peut-être pas des terroristes mais seulement poutine… Lire plus »