Le parc éolien le plus septentrional au monde est implanté en Antarctique. Trois éoliennes y produisent de l’électricité renouvelable depuis près de 15 ans déjà. Elles seront bientôt remplacées par des éoliennes plus puissantes. Mais à quoi servent-elles ?

L’île de Ross est une contrée lointaine. Une île volcanique au cœur de l’Antarctique. Celle, surtout, sur laquelle est implantée la plus grande base scientifique exploitée de la région, la base américaine de McMurdo. On parle là de 1 000 personnes durant l’été austral et de quelque 200 personnes durant l’hiver. L’autre base de l’île de Ross, la base néo-zélandaise de Scott, elle, n’accueille au maximum qu’environ 80 personnes. Mais tout ce petit monde a besoin d’énergie.

Et c’est là, justement, qu’Antarctica New Zealand, un institut destiné à gérer les intérêts néozélandais en Antarctique, a construit, en partenariat avec Meridian Energy, un producteur néozélandais d’énergies renouvelables, le parc éolien le plus septentrional du monde. C’était à la fin des années 2000. Trois éoliennes érigées sur Crater Hill. L’une des rares zones libres de glace de l’île de Ross, à mi-chemin entre les deux bases scientifiques installées dans la région et où le vent souffle à une moyenne annuelle de près de 30 km/h.

À lire aussi Cette station polaire isolée est alimentée exclusivement par les énergies renouvelables

Jusque-là, la région était alimentée au diesel, après un transport toujours à risque dans des mers difficiles à naviguer. Depuis la mise en service en 2009, les éoliennes d’une puissance totalisant presque 1 MW ont permis de réduire, chaque année, les émissions de gaz à effet de serre des deux bases de McMurdo et de Scott de quelque 1 242 tonnes.

Des besoins en énergie bas-carbone même en Antarctique

Pour assurer le bon fonctionnement des éoliennes, même dans des conditions hivernales extrêmes, les chercheurs travaillent au développement de systèmes antigivre pour les pales ou de systèmes de chauffage. Même si cela fait légèrement monter les coûts et diminuer les performances. Mais l’expérience de l’île de Ross montre qu’il est possible d’exploiter l’énergie éolienne même dans des conditions polaires.

Antarctica New Zealand annonce même aujourd’hui avoir signé un contrat avec le fabricant EWT (Pays-Bas) pour le remplaçant de ces éoliennes, déjà en fin de carrière. Le contrat concerne trois nouvelles éoliennes d’une puissance chacune équivalente à celle de l’ensemble du parc actuel. Des éoliennes DW54X-1MW d’un diamètre de 54 mètres et d’une hauteur de 40 mètres. Il s’agit d’éoliennes de classe 1A — une classe qui correspond à des éoliennes bâties pour des vents moyens de 40 km/h avec des rafales allant jusqu’à 250 km/h et de fortes turbulences — conçues pour fonctionner jusqu’à −40 °C sans restriction.

À lire aussi Ce gigantesque parc éolien au Groenland pourrait alimenter l’Europe en électricité verte

En ajoutant un système d’équilibrage du réseau et de stockage par batterie — qui viendra remplacer un système mécanique par volant d’inertie —, Antarctica New Zealand espère réussir à fournir à l’avenir plus de 90 % de la demande annuelle en électricité de la base Scott. Et plus de 40 % de l’électricité nécessaire au fonctionnement de la région — contre quelque 10 % aujourd’hui seulement.

Adapter l’offre à la demande

Il faut préciser que la base Scott est en cours de rénovation. Une fois opérationnelle — d’ici 2028 —, elle sera plus grande et les systèmes de chauffage à combustibles fossiles auront été remplacés par des chaudières électriques. D’où le besoin d’augmenter les capacités de production d’énergie d’origine renouvelable. Le contrat prévoit que la première des trois nouvelles éoliennes sera installée à l’été 2024/2025. Les opérations ne peuvent d’ailleurs pas être menées en dehors de cette saison dans cette région difficilement accessible et où les températures moyennes frôlent les −20 °C.

Les deux autres éoliennes attendront donc l’été austral suivant pour être mises en place. EWT explique par ailleurs qu’il ne sera pas possible de couler le béton nécessaire sur place. Les fondations seront donc préconstruites puis acheminées sur l’île de Ross. Lors de la construction du parc existant, ce ne sont pas moins de huit blocs de béton et d’acier de 13 tonnes qui avaient ainsi été transportés par bateau.

À lire aussi Des éoliennes bientôt installées au Groenland, mais pour quoi faire ?