Pour adapter le réseau de distribution à la hausse prévisionnelle de la demande d’électricité, Enedis annonce l’augmentation des investissements jusqu’en 2032. Plus de 5 milliards d’euros seront engagés chaque année.

Enedis gère 95 % du réseau basse et moyenne tension sur le territoire. Cela représente 1,4 million de km de lignes, soit l’équivalent de 35 fois le tour de la Terre. Afin d’adapter ce réseau aux objectifs liés à la transition écologique, le gestionnaire planche sur la préparation d’un « plan de Développement de Réseau ». Il est question de faire évoluer les infrastructures électriques, face au mouvement d’électrification massive qui s’est amorcé dans tous les secteurs : mobilité propre, développement des énergies renouvelables, augmentation de l’autoconsommation.

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Enedis table en effet sur une hausse des consommations d’électricité d’ici 5 à 10 ans. Pour répondre à ces nouvelles demandes, le gestionnaire de réseau va investir dans plusieurs secteurs : le raccordement, le renforcement du réseau ainsi que son renouvellement. La filiale d’EDF dispose de plusieurs outils pour moderniser son réseau. Ainsi, avec son plan de rénovation programmée, il intervient sur le réseau électrique aérien HTA (moyenne tension) tous les 25 ans. Quant à son « plan aléas climatiques », il a pour but de fiabiliser 20 000 km de réseau HTA aérien entre 2019 et 2032. Enfin, un programme de remplacement d’une grande partie des lignes « en fils nus en basse tension » sera mis en œuvre d’ici 2035.

Pour faire face à la hausse de la demande en électricité, Enedis doit investir massivement. Dans un document préliminaire à son « Plan de Développement de Réseau », publié le 13 mars 2023, le gestionnaire précise le montant des investissements planifiés jusqu’en 2032.

5 Md€/an pour adapter le réseau à la transition écologique

Concrètement, ce sont 5 milliards d’euros par an qui seront investis jusqu’en 2032, avec un pic à 5,5 milliards d’euros pour l’année 2027 « en raison de la construction d’infrastructures de recharge pour véhicules électriques dans le résidentiel collectif ». Pour parvenir à ce chiffre, Enedis prend en compte plusieurs paramètres. Tout d’abord, il considère que le nombre de nouveaux raccordements de consommateurs chaque année serait stable.

Dans un second temps, il mise sur une hausse importante des infrastructures de recharge des véhicules électriques (IRVE) avec une mise en circulation de 13 millions de véhicules électriques et hybrides rechargeables en 2032 (contre un peu plus d’un million fin 2022). Enfin, le gestionnaire de réseau table sur l’hypothèse d’un fort développement des installations de production d’énergie renouvelable. Sur ce point, il s’est basé sur les données de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) 2019-2028 pour envisager le raccordement de 28 GW d’éolien et de 42 GW de photovoltaïque d’ici 2032. Cela représente 4 à 5 GW d’installations de production d’énergie renouvelable à raccorder dans le périmètre d’Enedis.

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Une hausse des investissements de 25 %

Pour apprécier le montant annoncé de 5 milliards d’euros d’investissement par an, il faut le remettre en perspective. Chaque année, ENEDIS investit déjà en moyenne 4 milliards d’euros (4,4 milliards d’euros en 2022) dont 1 milliard est alloué à « la résilience et à la modernisation du réseau ». L’augmentation est donc de +25 %.

Pour financer ce plan, ENEDIS aura recours à l’emprunt avec notamment des financements verts via les « green bonds » par exemple.
Par la publication de ce document préparatoire, ENEDIS entend faire preuve « de transparence et de pédagogie » pour informer le public avant la publication du document officiel. En effet, le « Plan de Développement de Réseau » sera publié prochainement et devra être mis à jour tous les deux ans. Pour l’instant, nous restons dans l’attente de la publication du décret qui doit en fixer le calendrier et les modalités.

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