Nous savions déjà que les panneaux solaires verticaux offrent de nombreux avantages, notamment dans le monde agricole. Des scientifiques allemands leur ont maintenant trouvé un autre atout : leur étude prouve que des haies solaires verticales peuvent produire davantage d’électricité lors des pointes de consommation et contribuer ainsi à stabiliser les réseaux.

Les pointes de consommation électriques sont les moments de la journée, ou de la saison, pendant lesquels la consommation d’électricité est la plus forte. Elles doivent être maîtrisées pour éviter le déséquilibre des réseaux. En clair, leurs gestionnaires doivent y injecter plus d’électricité que pendant les autres heures de la journée.

En Europe, les pics de demande quotidienne interviennent principalement en fin de journée, lorsque les transports publics circulent au maximum, que l’utilisation des appareils électroménagers est la plus importante et que l’éclairage des bâtiments ainsi que les appareils de chauffage sont allumés. Une pointe journalière un peu moins marquée se produit également le matin, pour les mêmes raisons (voir graphique ci-dessous).

Profil moyen de la consommation électrique horaire lors d’un jour ouvré en Belgique.

Pour maintenir leur réseau en équilibre, les gestionnaires font alors intervenir des centrales électriques « de pointe », capables de démarrer rapidement. Ce sont en général des turbines à gaz ou des centrales hydroélectriques quand celles-ci sont disponibles. Les grandes batteries stationnaires peuvent aussi jouer ce rôle.

Malheureusement, les centrales photovoltaïques classiques, inclinées d’environ 20 à 30 degrés sur l’horizontale et orientées en général vers le sud, ont un profil de production électrique journalière et saisonnière inversé par rapport aux besoins quotidiens. C’est au milieu de la journée qu’elles injectent le plus d’énergie alors que le matin et le soir, elles en produisent peu. Et c’est en été qu’elles sont les plus productives alors que dans nos pays européens, la consommation est la plus forte en hiver. Une caractéristique qui pourrait aggraver encore le risque de déséquilibre des réseaux.

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Pour les réseaux, quel est l’intérêt des panneaux solaires verticaux ?

C’est la raison pour laquelle des scientifiques de l’université des sciences appliquées de Leipzig ont étudié l’intérêt qu’un développement massif des installations photovoltaïques verticales pourrait apporter au réseau électrique allemand. Composées de panneaux bifaciaux, ces « haies solaires » captent les rayonnements directs et indirects à travers leurs deux faces.

Pour mener leur étude, ces chercheurs ont utilisé un modèle mis au point par l’université d’Aalborg et qui permet de simuler le fonctionnement du système énergétique d’un pays en faisant varier différents paramètres. Ils ont aussi examiné deux scénarios, l’un avec l’utilisation de moyens de stockage d’électricité de grande capacité, et l’autre sans. Ils se sont enfin projetés en 2030 en tenant compte d’un accroissement de la demande de 1 200 TWh par an.

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Une nouvelle opportunité

Publié dans Smart Energy, le résultat de leur travail montre sans ambiguïté que des centrales photovoltaïques composées de panneaux bifaciaux verticaux sont capables de transférer la production électrique sur les périodes de pics de la demande et de fournir davantage d’énergie pendant l’hiver, atténuant ainsi la diminution de la production solaire sur ces périodes et réduisant dès lors le recours aux centrales au gaz pendant les pointes. Ces scientifiques mettent aussi en avant un autre avantage des haies solaires : celui de mobiliser moins d’espace au sol, notamment lorsqu’elles sont couplées à des activités agricoles comme l’élevage par exemple.

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En faisant intervenir dans leur modèle des installations de stockage d’une capacité totale de 1 TW / 1 TWh et en imaginant que 70 % d’installations solaires soient composées de panneaux verticaux, «  la réduction des émissions de CO2 des centrales allemandes pourrait s’élever à 2,1 Mt par an », selon les chercheurs de Leipzig. « Il peut sembler irréaliste d’atteindre un taux de 70 % de centrales verticales, mais un pourcentage inférieur pourrait déjà avoir un impact bénéfique », ajoutent-ils, en précisant que leur étude « ne vise pas à préconiser dorénavant le montage à la verticale de toutes les nouvelles centrales au sol, mais bien de mettre en évidence une nouvelle opportunité ».

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