Dans une interview, la ministre de la Transition énergétique a confirmé que la France devait se doter de réacteurs nucléaires supplémentaires, en complément des 6 premiers EPR déjà annoncés. Mais cette déclaration n’est pas vraiment une surprise, voilà pourquoi.

La France prépare l’avenir de son mix énergétique et se trouve à la croisée des chemins. Entre ses objectifs climatiques qui nécessitent d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, son parc nucléaire vieillissant et le développement des énergies renouvelables, les décisions doivent se prendre sans tarder pour dessiner notre futur énergétique.

8 réacteurs en plus, après les 6 premiers EPR déjà prévus

Au cours d’une interview donnée à La Tribune Dimanche le 7 janvier 2023, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher a déclaré qu’il était nécessaire d’aller au-delà des 6 premiers EPR annoncés par le président de la République. « Pour 2050, nous avons besoin de l’équivalent de la puissance de 8 réacteurs additionnels » a déclaré la ministre sur France Info avant d’ajouter « qu’on soit clair : on rajoute de la production nucléaire. Elle doit être décidée en 2024-2025 pour être effective en 2050 ».

En réalité, cette déclaration n’a rien d’une surprise. Dès son discours de Belfort prononcé en février 2022, Emmanuel Macron avait annoncé ses intentions sur le futur mix énergétique : accélérer le développement des énergies renouvelables tout en redynamisant la filière du nucléaire. Sur ce dernier point, il était question de lancer la construction de 6 nouveaux EPR pour une première mise en service en 2035, et d’étudier la possibilité d’en construire 8 supplémentaires ensuite.

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Moins de sobriété énergétique ?

La récente déclaration de la ministre de la Transition énergétique n’a donc rien de nouveau. Mais elle fait grincer les dents auprès de l’association Négawatt dont le porte-parole s’est exprimé dimanche sur France Info. Il craint qu’en misant sur le nucléaire, le gouvernent s’éloigne du plan de sobriété impliquant de réduire nos consommations.

En effet, c’est parce que la France s’est trouvée en difficulté avec des pannes inopinées de son parc nucléaire vieillissant et des incertitudes sur son approvisionnement en gaz que le gouvernement a lancé une grande campagne en faveur de la sobriété énergétique à l’approche de l’hiver 2022/2023. On en entend beaucoup moins parler cette année alors que les risques de coupure se sont éloignés. La construction de nouveaux EPR flambant neufs augmenterait la production électrique, rendant moins nécessaires les efforts en matière de réduction des consommations, selon l’association. Négawatt qui semble toutefois oublier l’indispensable électrification des usages aujourd’hui dépendants des énergies fossiles. L’avenir nous dira si ces craintes sont fondées.

Enfin, rappelons que le récent accord de la COP28 à Dubaï mentionne le nucléaire comme un levier pour atteindre la neutralité carbone. Et la France ne compte donc pas s’en priver. La renationalisation d’EDF a justement pour but de remettre l’énergéticien tricolore à flot afin qu’il soit en mesure d’atteindre ses objectifs en matière d’accélération du nucléaire.