Alors qu’EDF a indiqué ne pas être en mesure de tenir son calendrier initial de remise en route des réacteurs nucléaires pour cet hiver, le gouvernement l’a prié de débrider la capacité des parcs hydrauliques et éoliens.

Le parc nucléaire français est à la peine depuis plusieurs mois. En septembre, 32 des 56 réacteurs nucléaires étaient hors service pour maintenance, principalement en raison du phénomène de corrosion sous contrainte. EDF a alors tenté de se montrer rassurant avec un calendrier de remise en route échelonné entre septembre 2022 et février 2023. Mais, c’était sans compter sur la grève du personnel des centrales nucléaires qui s’est déroulée en octobre pour exiger des augmentations de salaire. Une épine de plus dans le pied de l’énergéticien qui a dû revoir son calendrier perturbé par le mouvement social.

Début novembre, EDF a donc revu à la baisse ses estimations de production nucléaire avec un niveau compris entre 275 et 285 TWh (contre 280 à 300 TWh estimés précédemment). Pour compenser la carence des réacteurs nucléaires, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher a demandé à EDF dans un courrier de « tout mettre en œuvre pour dégager de nouvelles marges de manœuvre pour le passage de l’hiver ».

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Les installations hydrauliques et éoliennes débridées pour l’hiver

Pour cela, les exploitants devront notamment débrider les capacités de production des parcs éoliens et des barrages hydroélectriques. En réalité, il ne s’agit pas d’un bridage technique, mais purement administratif. Afin de diminuer les nuisances sonores, les éoliennes doivent ainsi réduire leur vitesse de rotation, et donc leur production. Quant aux centrales hydroélectriques, leur fonctionnement est strictement régulé afin de préserver l’environnement local.

Il faut savoir que les barrages ont un impact majeur sur la faune et la flore en fonction du débit, qui varie selon le turbinage (la production d’électricité). On peut alors s’interroger sur les conséquences pour l’environnement d’un tel débridage.

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Fin de la redevance pour les exploitants

Par ailleurs, en cas d’augmentation de la puissance prévue des installations, les exploitants étaient jusqu’ici soumis au paiement d’une redevance. Cette taxe devrait toutefois disparaître avec la loi de finances pour 2023. Pour compenser la défaillance du nucléaire, le gouvernement a donc choisi de maximiser les capacités de production des énergies renouvelables, sans qu’EDF communique le niveau de production supplémentaire que cette mesure pourrait produire.

Il n’est, en effet, plus qu’incertain que ce débridage suffise à pallier la carence de plusieurs réacteurs. Cette décision montre surtout que le gouvernement cherche à multiplier les solutions pour éviter les problèmes de tension sur le réseau électrique, notamment en cas d’hiver particulièrement rigoureux. Reste à voir si cela sera suffisant pour éviter les coupures en cas de pic de consommation.

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