La France s’apprête à brancher une nouvelle filière de production d’électricité : celle de l’éolien en mer flottant. Alors que le chantier était exclusivement terrestre, il vient de franchir une nouvelle étape en gagnant la mer. Le gestionnaire du réseau de transport RTE vient de lancer les travaux du raccordement électrique du futur parc éolien flottant de Leucate en Méditerranée.

Après dix ans d’études, de conception, mais aussi de lenteurs administratives et déboires judiciaires, l’éolien en mer flottant entre dans le concret en France. Les trois premiers parcs pilotes seront enfin mis à l’eau en 2023 et 2024 en Méditerranée. D’abord, celui situé à 17 km au large de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) baptisé « Provence Grand Large » et dont le chantier d’assemblage des flotteurs touche à sa fin. Il sera suivi par le parc « Eolmed » à 15 km au large de Gruissan (Aude) puis par « EFGL » à 16 km des côtes de Leucate (Aude).

Si les travaux se déroulaient jusque-là uniquement à terre, avec la fabrication des gigantesques flotteurs, ils commencent désormais en mer. Sur la plage du Barcarès, RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en France, annonce avoir lancé le chantier du raccordement électrique du parc éolien flottant EFGL. Il consiste à installer sur le fond marin le fourreau qui recevra les câbles exportant la production des futures éoliennes.

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Une opération réalisée en plusieurs étapes, qui démarre par la mise à l’eau de cette gaine, qui sera insérée dans le forage assurant la jonction entre terre et mer (l’atterrage), sous la plage. Le fourreau abritera ensuite le câble électrique de 63 kV long d’environ 20 km reliant les éoliennes au poste terrestre. Un chantier estimé à 40 millions d’euros, explique RTE.

Le chantier d’installation du fourreau qui accueillera le câble de raccordement électrique du parc éolien flottant Eolfi / Images : RTE

Capter les meilleurs gisements de vent

Si cette manœuvre n’est pas impressionnante ni inédite en elle-même, il s’agit des tout premiers travaux en mer dans le cadre du déploiement de l’éolien flottant français. Dans moins de 2 ans, la filière mettra en service un total de 85 MW de puissance installée, à travers 9 éoliennes et 3 parcs pilotes exclusivement méditerranéens. Des sites aux dimensions modestes pour l’instant, car ils visent à tester et à améliorer la technologie avant un déploiement à grande échelle. Leur coût faramineux (300 millions d’euros pour le seul parc éolien flottant Provence Grand Large, par exemple) ne permet actuellement pas de produire de l’électricité de façon compétitive.

Arrivée à maturité, la filière de l’éolien flottant français permettra d’obtenir une production électrique plus élevée et plus constante que l’éolien terrestre. Débarrassés de la limite de profondeur imposée par l’éolien en mer « posé », les parcs pourront être positionnés sur les meilleurs gisements de vent. Deux grandes fermes éoliennes flottantes de 250 MW chacune sont d’ores et déjà prévues au large de Narbonne et dans le golfe de Fos. Elles seront dimensionnées pour recevoir des extensions de 500 MW, portant la puissance totale des ambitions françaises en Méditerranée à 1 500 MW.

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