C’est une nouvelle page que l’énergéticien tricolore va tourner, le 8 juin prochain, avec la renationalisation complète du groupe. Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire a annoncé que l’État reprendrait le contrôle total de l’entreprise à cette date.

Rappelez-vous, la rumeur avait circulé pendant des mois, avant que la Première ministre Elisabeth Borne la confirme le 6 juillet 2022 : EDF allait être renationalisée à 100 %. Onze mois après cette annonce, la renationalisation aura bien lieu, malgré la vive opposition et les recours en justice des petits actionnaires qui se plaignaient des prix de rachat de leurs actions par l’État.

Le groupe français s’apprête donc à entamer une nouvelle page de son histoire. Bruno Le Maire l’a annoncé le 23 mai 2023 : au 8 juin, l’État aura repris 100 % du contrôle d’EDF. Le groupe n’en est pas à sa première prise de contrôle par l’État puisque c’est avec ce mode de fonctionnement qu’il a été créé le 8 avril 1946 à l’initiative du Général de Gaulle. Chronologiquement, l’entreprise sera passée de la nationalisation initiale à sa transformation en société anonyme (SA) en 2005 pour en revenir en 2023 à une renationalisation.

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D’actionnaire ultra-majoritaire aux pleins pouvoirs

Concrètement, l’État était déjà ultra-majoritaire dans le capital de l’entreprise, mais il reprend peu à peu la main pour obtenir le contrôle exclusif du groupe. Au 28 février 2023, il détenait 95,94 % du capital, selon les informations disponibles sur le site d’EDF. Au 8 juin, il aura donc atteint les 100 %.

Le but affiché de l’opération est de permettre à l’entreprise de relever les défis qui s’offrent à elle, avec notamment la redynamisation du secteur du nucléaire sous la forme de la construction de 6 nouveaux EPR. C’est également l’occasion de renforcer l’indépendance énergétique de la France, dans le contexte de la guerre en Ukraine qui a fortement perturbé le marché de l’énergie en Europe.

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Le ministre de l’Économie et des finances a aussi indiqué que cette prise de contrôle allait permettre à l’État de « fixer des exigences claires à EDF », comme l’augmentation de la production d’électricité nucléaire. Cette prise de contrôle s’opère alors que l’énergéticien tricolore fait face à un endettement financier de 64,4 milliards d’euros en 2022. En outre, il doit gérer un parc nucléaire vieillissant dont les difficultés ont mené ces derniers mois à des arrêts imprévus de nombreux réacteurs en raison de phénomènes de corrosion sous contrainte.

L’État va devoir jouer serré, tant il est attendu au tournant par les syndicats qui appréhendent cette prise de contrôle total. La crainte du retour du projet Hercule est en effet dans toutes les têtes chez EDF. Soutenu par la Commission européenne, ce projet vise à dissocier les activités de production et de distribution de l’énergéticien. Mais les salariés craignent un démembrement du groupe. Nous verrons bientôt si leurs inquiétudes étaient légitimes.

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