800.000 tonnes d’hydrogène vert produits annuellement : c’est le projet titanesque que mène le consortium NortH2 dans le port de Groningen, au nord des Pays-Bas. Il prévoit d’alimenter l’usine géante par des parcs éoliens offshore d’une capacité de 3 gigawatts (GW) d’ici 2030 et 10 GW en 2040.

Constitué lors de son lancement en février 2020, de Shell, Groningen Seaports et Gasunie, le gestionnaire du réseau gazier des Pays-Bas, le consortium NortH2 a été rejoint en décembre 2020 par deux partenaires de poids : l’énergéticien norvégien Equinor et l’allemand RWE.
Les porteurs du projet ont l’ambition de faire des Pays-Bas un leader en matière d’hydrogène produit à partir d’énergies renouvelables.

Dans un premier temps, NortH2 prévoit la construction d’immenses parcs éoliens en mer du Nord, dont la capacité devrait atteindre 1 GW en 2027, 3 à 4 GW en 2030 et 10 GW d’ici 2040.  Rendez-vous compte : cela correspond à la consommation électrique actuelle de la totalité des ménages néerlandais.

L’usine de production d’hydrogène vert sera installée à Eemshaven dans le port de Groningen, au nord des Pays-Bas. Le consortium envisage également la possibilité de déployer des électrolyseurs en mer. L’ambition est de fournir annuellement à l’industrie européenne d’ici 2040, 800.000 tonnes d’hydrogène, soit à peu près l’équivalent de la consommation actuelle de ce gaz en France.

Un réseau de transport par pipelines devra être mis en place à travers les Pays-Bas vers le nord-ouest de l’Europe pour acheminer les molécules vertes vers les clients industriels. L’objectif principal est clairement de décarboner les usines actuellement grandes consommatrices d’hydrogène gris comme par exemple dans les secteurs de la métallurgie, la verrerie et la micro-électronique. Selon les estimations, le projet devrait permettre de réduire les émissions de CO2 de sept mégatonnes par an aux environs de 2040.

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Pas le plus grand du monde

Bien que « titanesque » NortH2 n’est pourtant pas le plus grand projet de production d’hydrogène vert au monde. Dans les steppes désertiques du Kazakhstan, en Asie centrale, l’investisseur allemand Svevind et la Société Nationale d’Investissement du Kazakhstan développent un projet de production d’énergie éolienne et solaire de 45 gigawatts (GW). L’électricité produite alimentera une usine d’hydrogène d’une capacité de 30 GW, laquelle produira annuellement 3 millions de tonnes d’hydrogène.

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Et en France ?

Selon France Hydrogène, 880 000 tonnes d’hydrogène ont été produites dans l’Hexagone en 2020, dont seulement 40.000 tonnes d’hydrogène vert, soit 5 %. La quasi-totalité de l’hydrogène français, qu’il soit gris ou vert, est aujourd’hui fabriqué pour des usages industriels.
Annoncée en septembre 2020, la Stratégie Nationale Hydrogène a prévu 7,2 milliards d’euros d’investissements dans le secteur d’ici 2030. L’objectif est de « construire une filière française de l’hydrogène décarboné de portée internationale en développant les capacités de production et en soutenant l’innovation ».

Grand supporter de la filière, Emmanuel Macron ne manque pas une occasion d’afficher les ambitions de la France. Le chef de l’Etat a récemment annoncé à Béziers (Hérault) un investissement de 1,9 milliard d’euros supplémentaires qui seront consacrés au développement de l’hydrogène français dans le cadre du plan France 2030 de 30 milliards. Le développement de l’hydrogène est « une bataille pour l’industrie, pour l’écologie et pour la souveraineté », a-t-il déclaré en visitant l’entreprise Genvia, fabricant d’électrolyseurs haute température.

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