C’est le prochain grand chantier d’EDF, probablement le plus impressionnant après celui de l’EPR de Flamanville. À Montézic (Aveyron), l’énergéticien national veut augmenter la puissance de sa station de transfert d’énergie par pompage (STEP) actuelle, en creusant une nouvelle cathédrale dans la montagne. Mais pour quoi faire ? Voici toutes les caractéristiques de ce projet pharaonique.

À défaut de construire de nouvelles STEP (lire notre article à ce sujet), EDF veut augmenter les capacités de l’une de ses plus puissantes installations de stockage d’électricité. Il s’agit de la STEP de Montézic, dans l’Aveyron, qui déploie 920 MW et 38,8 GWh de capacité de stockage depuis sa mise en service en 1982. Aussi puissante qu’un réacteur nucléaire de première génération, mais mobilisable en moins de 15 minutes, cette centrale est l’un des piliers du réseau électrique national.

Le projet Montézic 2 en chiffres

⚡ Puissance de l’extension : 2 × 233 MW (466 MW au total)

⚡ Puissance totale de la STEP avec l’extension : 1 386 MW

💰 Coût estimé : 500 millions d’euros

🚧 Lancement des travaux : Début 2025

🧨 Percement de l’usine et des conduites : Début 2027

🔌 Mise en service : Fin 2032

Ses quatre turbines-pompes Francis réversibles contribuent à stabiliser le réseau en ajustant la production d’électricité à la demande en temps réel. En pompant l’eau lorsque l’électricité est à bas prix, par exemple, la nuit ou lors de pics de production éoliens, puis en la turbinant aux horaires où le courant est plus cher, la STEP de Montézic représente aussi une ressource financière intéressante.

La France compte six grandes STEP représentant une puissance totale d’environ 5 000 MW (voir notre carte), Montézic étant la seconde la plus puissante. Toutefois, aucune nouvelle installation n’a été mise en service depuis le lancement de Super-Bissorte (Savoie) en 1987. Les besoins de flexibilité sont pourtant élevés, dans le cadre de la transition énergétique et de l’essor des énergies renouvelables intermittentes telles que l’éolien et le solaire. C’est une des raisons qui incitent EDF à réanimer l’un de ses plus grands projets : l’extension de la STEP de Montézic.

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Augmenter la puissance, mais pas la capacité de stockage

S’il ne s’agit pas de créer une nouvelle STEP, le chantier « Montézic II » reste significatif. L’énergéticien national souhaite ajouter 2 turbines-pompes réversibles de 233 MW chacune (466 MW au total) aux 4 existantes, installées dans une seconde usine souterraine à creuser dans la montagne. Ces nouvelles turbines disposeront de leur propre prise d’eau amont : un puits de chute profond de 335 m, ainsi qu’une galerie d’accès à l’usine longue de 820 m, qu’il faut également percer dans le granit. Le circuit aval sera connecté à celui de l’usine existante. Le chantier implique aussi une extension du poste électrique 400 kV qui relie la STEP au réseau national, le renforcement d’une route d’accès au chantier et la vidange du lac supérieur.

Schémas du projet Montézic II extraits de la vidéo de présentation d’EDF.

Une fois achevée, l’opération, dont le coût est estimé autour de 500 millions d’euros, portera la puissance totale de la STEP de Montézic à 1 386 MW. La capacité de stockage d’énergie reste inchangée : EDF ne prévoit pas d’étendre le bassin supérieur. Le réservoir inférieur ne sera pas non plus modifié. Sur le principe, la centrale devrait donc augmenter ses capacités d’ajustement de l’équilibre offre/demande ainsi que de réglage de la tension et fréquence du réseau, mais perdre en temps d’autonomie (actuellement 40 heures à pleine puissance).

Un chantier conditionné au changement de régime des concessions hydroélectriques

Pour que le projet aboutisse, il reste toutefois un obstacle : le fonctionnement actuel des concessions hydroélectriques en France, qui décourage fortement la construction de nouveaux sites d’ampleur. « Le démarrage du chantier de la nouvelle usine et des conduites est conditionné à l’évolution du cadre juridique actuel » nous rappelle EDF. « En l’absence de visibilité sur l’avenir du régime juridique des concessions hydrauliques en France, EDF ne peut réaliser d’investissements significatifs pour développer son parc hydraulique ». L’énergéticien national dit travailler avec les services de l’État pour trouver « toutes les solutions juridiques possibles qui lui permettraient de sortir de ce statu quo et de relancer le développement dans le respect du cadre du droit communautaire ».

Si EDF affirme ne pas avoir « à ce jour, de visibilité sur la date à laquelle elle pourra effectivement mener ce projet », un premier calendrier indique un début des travaux de reconnaissance début 2025. Le creusement de la nouvelle usine et des conduites interviendrait dès 2027. Jusqu’à 300 personnes pourraient alors être mobilisées au pic du chantier. Le réservoir supérieur serait vidangé en 2029, six ans seulement après la dernière vidange, avant l’installation des turbines-pompes en 2030. Enfin, la mise en service interviendrait fin 2032, au terme d’une année d’essais.

[Article mis à jour le 08/04/24 avec les précisions d’EDF]

Calendrier du projet / Document : Parlons Montézic II (EDF).

[Article mis à jour le 08/04/24 avec les précisions d’EDF]