Si vous vous baladez aux abords du Rhône, vous remarquerez peut-être un changement de couleur. Le fleuve risque de troquer son traditionnel bleu pour une teinte bien plus terne, la faute à des sédiments en suspensions. Raison de ce changement : la vidange du barrage de Verbois, situé non loin de Genève.
À quelques kilomètres au sud-ouest du lac Léman, la centrale hydroélectrique de Verbois, et sa retenue de 12 millions de mètres cubes, jouent un rôle très important sur la production électrique du canton de Genève. Ses 4 turbines Kaplan de 25 MW fournissent en moyenne 466 GWh. Mais le site, inauguré en 1944, présente un inconvénient : premier barrage d’envergure du Rhône, il retient chaque année la moitié des quelque 700 000 m³ de sédiments qui sont convoyés par le fleuve.
Outre le fait de limiter les capacités du barrage, cette situation pourrait poser problème en cas de crue, et causer l’inondation du centre-ville de Genève, situé à quelques kilomètres seulement. Pour pallier ce problème, une opération de largage des sédiments a lieu tous les 4 ans. Cette année, 1,5 million de tonnes de sédiments, soit l’équivalent de 600 piscines olympiques, sont actuellement relarguées sur le Rhône.
À lire aussiQu’en est-il du projet de grand barrage sur le Rhône ?Cette opération est loin d’être une formalité. Puissant fleuve alpin, le Rhône est exploité pour son énergie depuis 1872, avec la mise en service du barrage de Bellegarde, sur les pertes du Rhône. Aujourd’hui, le fleuve est jonché d’une vingtaine de centrales hydroélectriques, dont trois sont situées en Suisse. De ce fait, cette opération de largage des sédiments est d’une grande complexité, et nécessite la coordination de près de 400 personnes en France comme en Suisse.
Cette opération, qui s’étale sur plusieurs jours, nécessite, en premier lieu, l’abaissement du niveau de trois barrages. Tout commence à Génissiat, situé au niveau des pertes du Rhône, puis Chancy-Dougny et enfin Verbois qui perd 12 mètres. L’abaissement de ces trois barrages a pour conséquence d’accélérer la vitesse de l’eau du fleuve, et ainsi d’entraîner naturellement les sédiments vers l’aval. Une fois l’opération terminée, les trois barrages retrouvent leur niveau normal. Durant cette opération, les berges du Rhône sont interdites d’accès, car ces dernières peuvent perdre en stabilité. D’ailleurs, toutes les activités comme la pêche ou la baignade sont également interdites.
À lire aussiPourquoi les États-Unis détruisent des milliers de barrages hydroélectriques ?L’opération a un impact direct sur la biodiversité du fait de la hausse du taux de sédiments dans l’eau, ainsi que les modifications de niveau. Pour limiter les effets sur la faune piscicole, le taux de matière en suspension est surveillé, et un seuil limite doit être respecté. Si des zones refuges sont aménagées pour limiter l’impact de l’opération, les Services industriels de Genève (SIG) et la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) ne nient pas que celle-ci cause la mort de nombreux poissons.
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