Situé dans le Var, le parc éolien d’Ollières-Artigues surprend à plusieurs égards. Conçu et exploité par un micmac d’intérêts étrangers, il fait aujourd’hui l’objet d’une bataille judiciaire. Plusieurs associations dénoncent son érection sur la base d’une autorisation environnementale invalide. Un parfait exemple de ce qu’il ne faut pas faire pour développer les énergies renouvelables.

Paul Cézanne ne l’aurait peut-être pas supporté. La montagne Sainte-Victoire, paysage chéri du célèbre impressionniste, est désormais parée d’éoliennes. 22 turbines s’élèvent sur ses contreforts, au cœur d’un espace naturel partiellement protégé. Un choix d’emplacement surprenant, d’autant que les travaux ont été réalisés sans autorisation environnementale valide. L’opération démarrée en février 2020 s’est donc poursuivie sans cadre légal. Le parc éolien d’Ollières-Artigues (Var) fait aujourd’hui l’objet d’une bataille judiciaire qui l’oppose à quinze associations.

Des éoliennes construites en Chine

Elles dénoncent l’impact significatif du site sur les paysages et la biodiversité. Les pistes d’accès au chantier ont en effet nécessité le terrassement de collines vierges et la destruction de nombreux végétaux. Les éoliennes sont également critiquées pour leurs conséquences sur l’avifaune et notamment l’Aigle de Bonelli, une espèce protégée.

Mais au-delà des considérations environnementales, la ferme étonne par sa conception très éloignée de l’idéal « vert » et local des énergies renouvelables. Elle a été construite par Eco Delta, une société française majoritairement détenue par le groupe suisse JC Mont-Fort. Les éoliennes, conçues par le danois Vestas, proviennent de ses usines chinoises de Tianjin. Le parc a finalement changé de main début 2021, racheté par le fonds d’investissement irlandais NTR Funds.

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Pour des projets locaux et transparents

L’association « Site et Monuments », l’un des organismes engagés dans la procédure, critique une opération au profit de sociétés étrangères. Elle pointe notamment le tarif de rachat subventionné de la production électrique, qui dit-elle, « bénéficiera […] à un fonds d’investissement irlandais, agissant pour le compte de fonds de pension internationaux ».

Le parc d’Ollières-Artigues représente tout ce qu’il ne faut pas faire pour développer les énergies renouvelables. Éoliennes fabriquées à l’autre bout du monde, opérations financières étrangères, chantier réalisé sur la base d’autorisations caduques, artificialisation de territoires vierges, emplacement au cœur d’un site naturel protégé : autant de choix à l’encontre du « localisme », de la transparence et du respect de l’environnement censés accompagner la transition énergétique.

Si ce genre de parc éolien controversé est minoritaire en France, il suffit de quelques affaires pour ternir l’image des énergies renouvelables. Aux pouvoirs publics de fixer des exigences, comme la sanctuarisation de zones naturelles remarquables et la favorisation de projets plus locaux. Le dernier jugement de la cour d’appel de Marseille est un premier pas. Fin mars 2021, le tribunal a exigé la délivrance d’une autorisation environnementale conforme pour autoriser la production du parc d’Ollières-Artigues.

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