La preuve du concept de batterie rechargeable et comestible vient tout juste d’être faite. C’est une première. Et contrairement à ce que l’on pourrait être tenté de penser, les applications pourraient être tout aussi nombreuses que sérieuses.

Une batterie comestible ? Les chercheurs ont vraiment parfois de drôles d’idées, vous dites-vous peut-être ? Et bien, détrompez-vous. Car une batterie comestible, ça peut s’avérer… drôlement utile. Pour faire fonctionner des systèmes électroniques, eux aussi comestibles. Des systèmes destinés à veiller sur ce qui se passe à l’intérieur de notre corps, par exemple, et à remplacer ainsi des examens invasifs, douloureux et coûteux. Ou encore des systèmes qui permettent de surveiller la qualité des aliments pour limiter le gaspillage et les intoxications alimentaires. Des systèmes de ce genre, les chercheurs espèrent en développer depuis quelques années déjà. Mais, ils leur manquaient un élément essentiel : une source d’alimentation. Une batterie. Rechargeable, de préférence.

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Des composés retrouvés dans les pommes et amandes

La solution dont des chercheurs de l’Institut italien de technologie viennent de faire la preuve de concept, une grande première, repose uniquement sur des matériaux qui peuvent être consommés en grande quantité en toute sécurité. Des matériaux qu’ils ont utilisés pour fabriquer tous les éléments très classiques d’une batterie.

Une anode en riboflavine — de la vitamine B2 comme on en trouve dans les amandes, par exemple — et une cathode en quercétine — un élément que l’on trouve dans les pommes, par exemple. Une solution à base d’eau pour l’électrolyte et du charbon actif pour augmenter la conductivité. Mais aussi des algues nori pour éviter les courts-circuits. Et enfin, des contacts en or de qualité alimentaire — comme celui qu’utilisent parfois les pâtissiers —, un support dérivé de la cellulose et de la cire d’abeille pour encapsuler le tout.

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Des batteries comestibles bientôt dans nos smartphones ?

Fabriquée à partir d’éléments simplement achetés au supermarché, la batterie présentée fonctionne à 0,65 V. Une tension suffisamment basse pour ne pas créer de problèmes à ceux qui l’ingèrent. Elle peut fournir 48 microampères (µA) pendant 12 minutes, soit une capacité de stockage totale de… 6,24 µWh : c’est plusieurs millions de fois moins qu’une batterie de smartphone ! De quoi tout de même alimenter de petits appareils électroniques, comme des LED basse consommation, pendant un temps limité. Et elle peut être rechargée… tant qu’elle n’a pas été ingérée.

L’autre intérêt de ces travaux, c’est qu’ils pourraient ouvrir la voie à des batteries du même type plus puissantes. Des batteries capables d’alimenter un smartphone ou un jouet pour enfant. Sans risque pour sa santé en cas d’ingestion accidentelle et à partir de matériaux plus sûrs que les batteries lithium-ion actuelles.

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