Le parlement autrichien a voté récemment la nouvelle loi sur le développement des énergies renouvelables dans le pays. Celle-ci fixe un objectif de production d’électricité 100 % renouvelable d’ici 2030. 

Avec déjà plus de 75 % d’énergies propres dans son mix électrique actuel, l’Autriche se classe au 1er rang européen pour la part des énergies renouvelables dans sa consommation d’électricité. Mais les autrichiens ne se satisfont pas de cette place sur la plus haute marche du podium des meilleurs élèves de l’Europe verte. Ce 14 juillet, le Conseil fédéral a approuvé une nouvelle loi, l’EAG (Erneuerbaren-Ausbau-Gesetz) qui permettra au pays de porter sa production d’électricité renouvelable à 100% d’ici 2030. Un véritable défi pour ce pays montagneux d’Europe centrale qui n’est pas spécialement gâté par le soleil et le vent.

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Pour atteindre le but, il faudra produire 27 térawattheures (TWh) supplémentaires d’électricité verte. Selon les plans du gouvernement, les capacités hydroélectriques passeront de 41,3 à 46,3 TWh (+ 12%), les éoliennes délivreront 10 TWh de plus pour atteindre 16,3 TWh, la biomasse augmentera sa contribution de 25% pour fournir 5 TWh et le photovoltaïque fournira l’effort le plus important en portant sa production de 1,4 à 12,4 TWh, ce qui correspond à une multiplication par 8 des capacités solaires actuelles. La croissance demandée au secteur éolien se traduit par plus de 500 MW de nouvelles capacités chaque année d’ici 2030, ce qui correspond à l’implantation de plus d’une centaine de nouvelles turbines par an.

Efforts financiers et subventions

La coalition au pouvoir dirigée par le chancelier Kurz, composée du Parti populaire (chrétiens-démocrates) et des écologistes, a dû négocier jusqu’à la dernière minute pour obtenir le soutien du parti socialiste et atteindre les deux tiers des voix requises. La réalisation de ce nouveau plan énergétique va demander aux autrichiens des efforts financiers sous forme de taxes, mais les socialistes ont obtenu que les 550.000 ménages les moins favorisés en soient exemptés.

Une enveloppe de plus de 30 milliards d’euros sera dégagée pour financer les investissements directs liés à ce virage énergétique. La loi permet d’allouer des primes et des subventions aux nouvelles infrastructures, à la conversion de centrales et à la création d’installations de stockage. Elle prévoit aussi le développement de technologies encore peu utilisées dans le pays comme la production d’hydrogène vert ou la biométhanisation.

Bien que l’objectif soit ambitieux, les producteurs d’électricité verte ne partiront pas d’une feuille blanche car ils ont dans leurs cartons de nombreux projets qui attendaient le moment propice pour être développés.

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Sortie du nucléaire

Rappelons que l’Autriche a été le premier pays européen à sortir du nucléaire. En novembre 1978, la population s’est prononcée par référendum contre la mise en service de la première centrale atomique du pays, celle de Zwentendorf, dont la construction venait de s’achever. Elle n’a donc jamais fonctionné. Après la catastrophe de Tchernobyl en 1986, la classe politique autrichienne est parvenue à un consensus sur le non-recours au nucléaire civil. Et en 1999, la question a été définitivement tranchée par le vote de la loi « Pour une Autriche sans nucléaire » (Bundesverfassungsgesetz für ein atomfreies Österreich) qui a été intégrée à la Constitution.

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