Profiter de quelques changements de pièces pour doper l’efficacité du parc des réacteurs nucléaires français, c’est bien. Mais EDF veut désormais aller plus loin. L’entreprise envisage des opérations dites d’« uprate » pour permettre à ses réacteurs actuels de produire plus d’électricité.

L’idée semblait presque avoir été enterrée. Mais elle vient de ressortir des cartons. Le résultat de la crise énergétique et de la flambée des prix de l’électricité. Sylvie Richard, la responsable du programme grand carénage vient d’annoncer qu’EDF remettait à l’ordre du jour la modernisation de ses réacteurs nucléaires. Comprenez par là, que sur l’agenda 2023 des ingénieurs EDF, figureront des études qui devront évaluer les possibilités d’augmenter les capacités de production du parc français.

Rappelons que l’objectif du grand carénage lancé en 2015 était d’abord de prolonger en toute sûreté la durée de vie des centrales nucléaires du parc français au-delà de 40 ans. Dix réacteurs ont ainsi déjà subi un contrôle technique poussé et des travaux de maintenance d’envergure. Et l’opération vient de débuter du côté de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux, sur la Loire. Pour un investissement de quelque 250 millions d’euros sur l’unité 2 de 900 MW. Le coût cumulé des premières phases qui doivent s’achever en 2028 est estimé à 66 milliards d’euros. De quoi faire du grand carénage, « le plus gros programme industriel depuis la création d’EDF ».

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Des réacteurs plus performants et plus résilients

Le remplacement de certaines pièces de ces réacteurs a déjà permis d’augmenter leurs performances. EDF espère maintenant aller plus loin. En travaillant à de véritables opérations de mise à niveau, appelées « uprate » par les techniciens. Des opérations réellement destinées à augmenter les capacités de production des réacteurs nucléaires existants. De l’ordre de quelques pourcents encore. Si les solutions envisagées par les ingénieurs EDF s’avèrent financièrement viables et qu’elles sont approuvées par l’autorité de sûreté nucléaire, ces travaux-là pourraient s’étaler jusqu’au-delà de 2028.

Parmi les pistes étudiées : un changement de combustible. Avec l’espoir que les réacteurs de 900 MW du parc français — on parle de 32 réacteurs sur 56 — puissent alors fonctionner jusqu’à 16 mois sans interruption. Aujourd’hui, ils doivent être ravitaillés tous les 12 mois environ. Cette modification interviendrait lorsque les réacteurs atteindront les 50 ans. Soit à partir de 2029. À l’occasion de leur cinquième visite décennale qu’EDF qualifie d’ores et déjà de « visite du changement climatique ». Parce qu’elle sera aussi l’occasion de renforcer la résilience de nos réacteurs nucléaires au changement climatique. En améliorant, par exemple, les performances des systèmes de refroidissement des centrales françaises.

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