Les images glaçantes, bien que non représentatives, de pales d’éoliennes enterrées dans d’immenses décharges pourraient bientôt appartenir au passé. Le fabricant danois Vestas vient en effet d’annoncer avoir mis au point un procédé chimique qui permet de toutes les recycler, même les anciennes.

Avec plusieurs dizaines de milliers d’éoliennes installées à travers le monde, Vestas est assurément l’un des leaders du secteur. Il y a quelques jours seulement, la société danoise annonçait que sa dernière née, une éolienne géante d’une puissance de 15 mégawatts (MW), venait de produire ses premiers kilowatthaures (kWh). Et aujourd’hui, Vestas vient potentiellement de frapper un nouveau grand coup. En apportant une solution à l’un des plus grands défis de l’industrie de l’éolien : le recyclage des pales.

Ils sont nombreux à travailler sur la question. Parce que les législations deviennent de plus en plus exigeantes en la matière. Mais alors que beaucoup envisagent de revoir les compositions des pales des éoliennes du futur, Vestas affirme avoir mis au point un procédé chimique qui permettrait de recycler les pales des éoliennes d’hier et d’aujourd’hui. À partir d’éléments largement disponibles. Un procédé, sur le papier, donc, rapidement déployable à l’échelle industrielle.

À lire aussi Le démantèlement et le recyclage des éoliennes

Des matériaux composites difficiles à recycler

Rappelons que le nœud du problème réside dans le fait que les pales des éoliennes sont conçues à partir de matériaux composites dits thermodurcissables. Pour être résistantes et légères à la fois. Environ 70 % de fibres de verre ou de carbone maintenus par 30 % de résine époxy. Et tout cela, une fois mis en forme, s’avère très difficile à décomposer en éléments réutilisables. Les chercheurs s’y cassent les dents depuis plus de 30 ans.

Dans le cadre du projet CETEC – pour Circular Economy for Thermosets Epoxy Composites – et grâce à un partenariat avec l’Institut technologique danois, avec l’université Aarhus (Danemark) et avec le fabricant de produits chimiques Olin, Vestas a semble-t-il enfin réussi à mettre au point un nouveau procédé chimique qui permettrait de décomposer la résine d’époxy en matériaux qui pourront être utilisés par ailleurs. Y compris dans la fabrication de nouvelles éoliennes. De quoi reconsidérer le statut des pales brûlées dans les cimenteries, mises en décharge ou de celles qui tournent encore sur les parcs en activité pour voir en elles des sources de matière première.

À lire aussi Mangeriez-vous des pales d’éoliennes ?

Un procédé chimique qui reste secret

L’entreprise ne révèle pas grand-chose de son procédé. Mais certains évoquent une réaction dite de solvolyse. La réaction entre un composé, ici la résine d’époxy – après qu’elle a été séparée des fibres du composite -, et un solvant en présence de catalyseur. Objectif : briser les liaisons covalentes pour retrouver les monomères qui composent l’époxy. Des monomères qui, une fois traités, pourront être retransformés en résine. Des observateurs attirent tout de même l’attention sur le fait que le procédé pourrait bien faire appel à des traitements chimiques peu respectueux de l’environnement.

Quoi qu’il en soit, Vestas est d’ores et déjà engagé dans l’étape suivante du développement de son projet : l’élaboration d’une solution commercialisable avec le soutien de la société de recyclage nordique Stena Recycling et toujours de Olin. Un nouveau pas pour l’entreprise vers son objectif de neutralité carbone fixé à 2030. Et la perspective d’un nouveau marché potentiellement lucratif – WindEurope estime qu’à partir de 2025, chaque année, il y aura 25 000 tonnes supplémentaires de pales hors d’usage et même deux fois plus dès 2030 – à développer dans le cadre d’une économie circulaire des éoliennes que Vestas espère mettre en place dès 2040.

À lire aussi Des pales d’éoliennes recyclables utilisées pour la première fois au monde