En 10 ans, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’électricité en Europe à presque doublé, passant de 15,4% à 29,6% en 2016. Une performance qui commence à avoir des effets perceptibles.

Il y a à peine dix ans, de nombreux experts s’accordaient à dire qu’une part de renouvelable supérieure à 20% dans le mix énergétique était inenvisageable, le réseau n’étant pas en mesure de faire face à la variabilité de la production éolienne et solaire.

Inflexibilité de la production nucléaire ou au charbon, coût des énergies renouvelables, intermittence du vent et du soleil, réseau de distribution inadapté : les raisons ne manquaient pas pour conforter les détracteurs de la transition énergétique dans leur scepticisme.

Aujourd’hui, on observe dans un nombre croissant de pays européens que la production renouvelable atteint des records et dépasse même, ponctuellement, la totalité de la consommation finale d’électricité. Bien sûr, pas toujours pendant de longues périodes, mais le phénomène est suffisamment remarquable pour ne pas être souligné.

Pour la première fois, le seuil de 30% de l’électricité consommée par les Européens a été atteint par les énergies renouvelables en 2017.

Si la progression continue au même rythme, l’Europe devrait atteindre 50% d’énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2030.

Portugal : les renouvelables couvrent plus de 100% de la consommation électrique du pays en mars 2018

Au Portugal, pendant le mois de mars de cette année, la production renouvelable totale a atteint 103,6% des besoins en électricité du pays. Pas de manière linéaire, certes, puisque les besoins ont été couverts continuellement 60% du temps, les énergies conventionnelles (charbon et gaz) ayant dû fournir le complément nécessaire pendant les 40% du temps restant. Et lorsque la production renouvelable était supérieure à 100%, l’excédent était exporté vers le reste de l’Europe. Mais globalement, la quantité d’électricité renouvelable produite pendant tout le mois de mars a bien été supérieure à la consommation.

Ce record a été rendu possible essentiellement grâce aux barrages hydroélectriques (55% des besoins) et aux éoliennes (42%).

Fort de ces performances, le gouvernement portugais a décidé le 3 avril dernier de supprimer les subventions allouées aux centrales thermiques, ce qui représente 20 millions d’euros par an.

D’ici 2040, les énergies renouvelables devront couvrir la totalité de la consommation d’électricité au Portugal, et n’auront plus besoin d’être soutenues financièrement par l’Etat.

Danemark : l’éolien fournit 43% des besoins en électricité

Avec une capacité éolienne de 5476 MW à fin 2017, le vent a produit l’année dernière plus de 14 TWh au Danemark. Le pays Viking occupe la 7e place des plus grands producteurs d’énergie éolienne en Europe.

Source : www.connaissancedesenergies.org

A elles seules, les éoliennes ont couvert 43,4% de la consommation électrique du pays. Cette part a plus que doublé par rapport à 2008 (19,3%).

Avec les autres technologies vertes, la production renouvelable atteint 62,9% du mix électrique danois. Un chiffre probablement sous-estimé, car le pays importe également de l’électricité (majoritairement hydroélectrique) d’origine norvégienne, lorsque le vent et le soleil viennent à manquer.

Le pays œuvre pour couvrir 50% de ses besoins en énergie par le renouvelable en 2030 et atteindre zéro énergie fossile en 2050. « C’est un objectif très ambitieux, qui peut également conduire à de nouveaux emplois dans le secteur vert, notamment dans l’industrie éolienne », a relevé Lars Chr. Lilleholt, ministre danois de l’Energie, des services publics et du climat.

Le Danemark prévoit désormais d’investir dans le stockage d’électricité afin de renforcer son indépendance et la sécurité de son approvisionnement, souvent tributaire des conditions météorologiques.

Allemagne : forte croissance des énergies renouvelables en 2017

La production d´électricité renouvelable a augmenté de 15% en 2017 pour atteindre 218,3 TWh, et a atteint une part de 36,4% (2016: 31,8%) de la consommation nationale d´électricité.

L’Allemagne a pu ainsi exporter 55 TWh d’électricité verte.

Production brute d’électricité en Allemagne 2017 en % (les données entre parenthèses sont celles de 2016) Source : http://allemagne-energies.com

Détail important : alors qu’elle a souvent été pointée du doigt pour l’augmentation de ses émissions de gaz à effet de serre liées à la sortie du nucléaire et à l’exploitation de ses mines de charbon et de lignite, pour la première fois les émissions totales de gaz à effet de serre de l’Allemagne sont en léger recul par rapport à 2016, notamment grâce au secteur de l´électricité, dont les émissions baissent d´environ 4%.

Des conditions météo favorables, ainsi que de nouvelles capacités renouvelables de 9 GW (6,2 GW d’éolien et 2 GW de photovoltaïque) expliquent ce retournement de tendance.

L´objectif 2020 d’une part de 35% de la consommation finale d’électricité est déjà atteint et l´objectif de 40 à 45% d´ici 2025 est désormais accessible.

Malgré tout, les sources d’énergie fossile représentent encore 50% des sources d’électricité en Allemagne (charbon, lignite, gaz et fioul), mais la part du charbon et de la lignite est en baisse constante depuis 4 ans (leur part représentait encore 36,6% en 2017, contre 40,2% en 2016).

Côté émissions de gaz à effet de serre, les émissions allemandes ont baissé de 27,7% par rapport à leur niveau de 1990.

L’Allemagne a ainsi atteint et même dépassé son objectif de -20% assigné par l’Union Européenne, mais elle est très loin d’atteindre l’objectif national de -40% qu’elle s’était fixée à l’horizon 2020.

Le contenu CO2 moyen de l’électricité s´élève en 2017 à environ 430 g CO2/kWh, à titre de comparaison environ 53 g CO2/kWh en France selon RTE.