Une étude de Greenpeace sur les coûts des trois principaux moyens de production d’électricité bas carbone, le nucléaire, le solaire et l’éolien, révèle que l’électricité produite par les centrales photovoltaïques au sol et l’éolien onshore est moins chère à produire que le nucléaire existant. Quant à l’EPR[1] (la nouvelle génération de réacteurs français) c’est la filière énergétique la plus coûteuse.

Eclairer toute décision publique, et offrir une vision la plus nette possible des coûts actuels, c’est ce qu’a voulu faire Greenpeace en publiant ce mercredi 24 novembre un rapport réalisé conjointement avec l’Institut Rousseau sur les coûts courants économiques (CCE) de ces trois sources d’énergies.

L’objectif est de nourrir le débat « à l’heure où la France doit faire des choix cruciaux concernant son avenir énergétique pour atteindre la neutralité carbone avant 2050 », selon les mots de Greenpeace.

Pour réaliser son étude, Greenpeace et l’Institut Rousseau ont choisi de se focaliser sur sept technologies existantes de production d’électricité qui émettent peu de gaz à effet de serre au long de leur cycle de vie : le nucléaire existant et le nouveau nucléaire représenté par l’EPR de Flamanville (bien qu’il ne soit pas encore opérationnel et que des doutes subsistent sur sa véritable date de mise en service, prévue en 2023), le photovoltaïque au sol, sur grandes toitures et ombrières, et le solaire résidentiel, ainsi que l’éolien terrestre et l’éolien offshore posé.

Les centrales hydroélectriques n’ont pas été prises en considération vu leur trop faible potentiel de développement.

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La centrale solaire et l’éolien terrestre en tête du classement

Dans son tableau comparatif des CCE, Greenpeace fait apparaître que deux sources d’énergie ont un coût de production inférieur à 60 €/MWh : le photovoltaïque au sol et l’éolien terrestre, avec un coût respectivement de 51 € et 58 €/MWh.

La bonne performance du photovoltaïque est directement liée à la taille des installations : plus la puissance de l’installation est élevée, plus les différents postes de coûts rapportés au kWc diminuent et donc plus le CCE est bas.

Il est logique, dès lors, qu’entre le photovoltaïque résidentiel, dont la puissance installée moyenne se situe entre 3 et 9 kWc, et les centrales solaires au sol, dont la puissance varie entre 2,5 et 10 MWc, le CCE baisse de 68%, passant de 161 €/MWh à 51 €/MWh.

Par ailleurs, les coûts de production du photovoltaïque ne sont pas prêts de s’arrêter de baisser : en 2015 déjà, le Fraunhoffer Institute annonçait un coût de production du MWh de 41 € à l’horizon 2025. L’IRENA[2], de son côté, prévoit qu’il baissera de 59% d’ici 2025, pour descendre à 24 €.

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L’EPR de Flamanville : une dépense hors norme

Qu’elles soient renouvelables ou non, deux technologies se révèlent particulièrement coûteuses : l’EPR de Flamanville (164 €/MWh), construit par EDF et le photovoltaïque résidentiel (161 €/MWh).

L’explication du coût élevé de l’EPR de Flamanville est multifactorielle, et réside principalement dans le dépassement important du montant de l’investissement initial, les dérapages du chantier, mais également dans le fait que Flamanville constitue une tête de série, et fait dès lors l’objet de normes de sûreté et de sécurité plus strictes.

Alors que son coût initial était estimé à 3,3 milliards d’euros en 2007 et qu’il devait entrer en service en 2012, le coût final estimé du chantier, qui accumule plus de 10 ans de retard, avoisine aujourd’hui les 20 milliards.

Il n’est pas étonnant dans ce contexte que le CCE de l’EPR de Flamanville soit deux fois plus élevé que celui du parc nucléaire existant.

Avec 72 € le MWh produit, le coût courant économique du « vieux » nucléaire se trouve à un niveau comparable à celui du photovoltaïque sur grandes toitures ou ombrières, qui s’élève à 68 €/MWh.

Mais alors que le coût de production du photovoltaïque est appelé à baisser, celui du nucléaire existant est voué à augmenter : les frais d’approvisionnement en combustible, estimés à 11 €/MWh, pourraient bien évoluer à la hausse, et les frais de maintenance, estimés à 15% du CCE selon l’étude, risquent également d’augmenter avec le temps.

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[1] L’EPR est la nouvelle version des réacteurs nucléaires à eau pressurisée français. En France, le premier réacteur de ce type, celui des Flamanville, est en construction depuis 2007. Sa mise en service était prévue pour 2012, mais le chantier a pris plus de 10 ans de retard. L’entrée en production du réacteur est actuellement espérée pour 2023.

[2] IRENA : Agence Internationale des Energies Renouvelables