Stocker de l’électricité grâce à des batteries, c’est intéressant lorsqu’il s’agit d’électricité bas-carbone. Alors, pourquoi développer un projet de « plus grande batterie de France » sur le site d’une centrale à charbon ?

La centrale Émile-Huchet, vous connaissez ? Pas nécessairement sous ce nom. Mais vous en avez certainement entendu parler. C’est cette fameuse centrale à charbon installée à Saint-Avold (Moselle). Celle qui, dans le contexte de crise énergétique, a été autorisée à fonctionner encore un peu plus longtemps que prévu. Jusqu’à fin 2024, apprenait-on il y a quelques semaines. Pour pas plus de 1 800 heures — contre 2 500 heures l’hiver dernier — et en payant ses émissions de CO2 au prix de 50 euros la tonne — contre 40 euros la tonne l’année dernière.

Aujourd’hui, la centrale Émile-Huchet fait une fois de plus la une de l’actualité. Parce que l’exploitant de sa tranche charbon, GazelEnergie, et un fournisseur de solutions énergies renouvelables, Q Energy, viennent d’annoncer leur projet de construire sur le site l’une des plus importantes centrales de stockage d’énergie par batteries de France. Non pas qu’ils envisagent de stocker l’électricité produite par la centrale à charbon, mais pour un plus vaste projet de reconversion du site. Le président de GazelEnergie évoque ainsi dans un communiqué une « ambition de transformer Émile-Huchet en une véritable écoplateforme industrielle tournée vers la production d’énergies vertes ».

Schéma des futures installations de la centrale de Saint-Avold / Infographie : Gazel.

Stocker l’énergie pour passer du charbon aux énergies renouvelables

Le projet, donc, c’est d’installer une centrale de stockage par batteries d’une puissance de 35 MW pour une capacité de stockage de 44 MWh. L’équivalent de la consommation quotidienne d’environ 10 000 personnes. Le tout conditionné dans 24 conteneurs. Une centrale destinée à faciliter l’intégration dans notre mix des énergies renouvelables intermittentes que sont le solaire photovoltaïque et l’éolien. Les batteries, elles, peuvent contribuer à maintenir l’équilibre du réseau, à petite échelle. À titre de comparaison, la capacité de stockage de cette batterie équivaut à seulement 0,11 % de celle de la station de transfert d’énergie par pompage-turbinage (STEP) de Montézic, dans l’Aveyron (38 800 MWh).

Ces deux moyens de stockage ont la capacité de réduire la volatilité des prix. En stockant lorsque l’électricité n’est pas chère ou que la demande est faible et en déstockant lorsque la demande ou les prix tendent à monter. Ce projet est le premier mené par Q Energy avec GazelEnergie. Mais il est loin d’être le seul développé en ce moment par le spécialiste des solutions renouvelables. L’entreprise annonce travailler actuellement sur l’installation de plus de 400 MW de batteries rien qu’en France. Et même sur 1 GW à l’échelle de l’Europe.

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