Dans le secteur du photovoltaïque, le panneau bifacial ouvre progressivement le champ des possibles. En Bretagne, Hilaire Dacquait, un entrepreneur dans le photovoltaïque, a décidé de saisir cette opportunité pour créer une clôture solaire. Les premiers résultats de production de ce projet sont plutôt encourageants. 

Et si l’avenir de la production électrique issue du soleil consistait à intégrer des cellules photovoltaïques dans nos bâtiments, pergolas, façades d’immeubles ou encore clôtures ? Hilaire Dacquait, lui, en est convaincu. Après avoir été le premier à fabriquer et commercialiser des suiveurs (trackers) solaires dans l’hexagone, il y a déjà 15 ans, le dirigeant d’une société d’installation de panneaux photovoltaïques revient à l’assaut du marché avec une nouvelle invention : la palissade solaire. Quelques semaines après l’installation de sa première clôture équipée de panneaux bi-faciaux, il a accepté de nous en dire un peu plus sur ce projet pour le moins original et sur les premiers résultats de production qu’il a obtenus.

À lire aussi Cette centrale solaire linéaire est parfaitement adaptée aux digues

Une clôture photovoltaïque fabriquée en Bretagne

Pour Hilaire Dacquait, cette clôture est dans la continuité directe de ses fabrications depuis de nombreuses années maintenant. Il explique : « Je travaille beaucoup le côté 2-en-1, toujours dans l’idée d’apporter une satisfaction pour mes clients, qu’ils aient besoin d’une pergola, de claustra ou même de marquise. Avec le photovoltaïque, il y a plein de solutions, on peut le mettre un peu partout. ». Pourtant, on distingue une différence notoire entre cette clôture et une installation en toiture ou en pergola, puisque les panneaux ne sont pas inclinés, mais verticaux. « C’est le caractère bifacial des panneaux qui donne tout l’intérêt à cette solution » ajoute-t-il.

Avec la verticalité des panneaux, il est alors possible d’avoir une double exposition, et de profiter au mieux de l’ensoleillement diffus, en particulier pendant les jours de mauvais temps.  « En plus de répondre à des problématiques d’entretien et d’intempéries (grêle), une orientation est-ouest permet de lisser des pics de production, là où le photovoltaïque n’a fait que s’attaquer aux pics à midi ».

Une clôture solaire installée par Les Traqueurs d’Énergie / Images : LTE.

Techniquement, les panneaux fabriqués en France sont laminés, c’est-à-dire qu’ils sont composés de cellules photovoltaïques bifaciales prises en sandwich entre deux plaques de verre. La face « extérieure » est d’apparence noire tandis que la face « intérieure » présente un aspect bleuté. Pour une puissance donnée, ici de 365 Wc, un panneau va délivrer 100 % de capacité de production sur sa face extérieure, et environ 90 % sur sa face intérieure. « Il y a les liaisons de cellules qui sont sur la face intérieure avec des soudures et les filaments. Tout ça prend de la place derrière le panneau, ce qui explique cette différence de puissance ». Pour adapter ce type de panneau à une installation en clôture, LTE a conçu et réalisé des cadres spécifiques permettant notamment de masquer les câbles. Ces derniers sont ensuite acheminés vers les poteaux de fixations, eux-mêmes modifiés pour permettre le raccordement électrique. Grâce à cette structure spécialement dimensionnée, aucun câble n’est apparent sur l’installation.

Pour injecter la production électrique au réseau, LTE a mis en place un onduleur central hybride dans le logement. « Je n’installe que ce type d’onduleurs pour laisser la possibilité au client, s’il le désire, d’y ajouter une solution de stockage d’énergie. Il est également possible de fonctionner avec des micro-onduleurs installés panneau par panneau, mais cela implique de les installer à proximité des panneaux, protégés par des systèmes de carter. ».

Si la résistance des panneaux pose question du fait de leur accessibilité, Hilaire Dacquait assure que ceux-ci ont été testés, notamment avec des projections de sacs d’une cinquantaine de kg. Il n’aurait été relevé qu’une baisse « mineure » de production.

Vidéo d’un test de résistance transmise par Hilaire Dacquait.

Une courbe de production surprenante

Voilà donc une installation séduisante sur le papier. Mais pour en apprendre plus sur sa potentielle pertinence, il convient de s’en faire une idée à travers les capacités de production. Cela tombe bien, LTE a également réalisé une installation en toiture, exposée plein sud à seulement 500 mètres de distance, permettant ainsi de comparer les résultats pour se faire une idée de la production.

L’installation « traditionnelle » est donc équipée de 3 000 Wc installés sur une toiture bretonne (environ 45°) orientée sud. Celle-ci a produit, sur la première moitié du mois d’avril, 154 kWh d’électricité. La clôture photovoltaïque, principalement orientée est-ouest, dispose de 5 840 Wc grâce à 16 panneaux de 365 Wc. Ces panneaux ont produit, sur la même période, 271 kWh. En résumé, l’installation en toiture a produit 51,6 Wh/Wc sur 15 jours contre 46,6 Wh/Wc sur la même période pour la palissade. Du fait de son exposition, on constate que la clôture a une production seulement 11 % inférieure à celle d’une installation classique. Ce constat ouvre donc réellement la voie au développement de ce type de solution dans des contextes ou une installation standard n’est pas possible.

Quelques statistiques de production de la clôture solaire d’Hilaire Dacquet.

« Ce faible écart s’explique notamment par le fait que la clôture solaire a une surface de captage deux fois plus importante, ce qui n’est pas possible en toiture. De plus, les panneaux en toiture étant monofaciaux, ils ne peuvent capter de la lumière directe que sur 180°, alors que la course du soleil est de 240° en été. Le panneau bifacial, lui, peut capter l’ensemble de cette course, à condition qu’il n’y ait pas de masque. »

Grâce à cette première installation, LTE a été sollicité pour des projets d’installations jusqu’en Nouvelle-Calédonie. Si, pour le moment, cette clôture se destine au secteur résidentiel, l’entrepreneur devrait être rejoint par un nouvel associé pour développer la solution. À terme, cette solution pourrait également être proposée aux professionnels sur des longueurs de plusieurs dizaines, voire centaines de mètres.