L’un des deux opérateurs d’autoroutes ferroviaires suisses, RAlpin, annonce l’arrêt anticipé de son service de ferroutage, qui permettait aux camions de traverser les Alpes par rail. À compter de 2026, le transport combiné non accompagné prendra définitivement le relais. Entre défis économiques, perturbations ferroviaires et incertitudes pour les employés, cette décision tourne la page d’une longue histoire de mobilité durable.
Un chapitre se ferme prématurément pour le transport transalpin : les camions entiers avec chauffeurs ne pourront plus franchir les Alpes suisses par rail dès la fin de l’année 2025. L’exploitant du service de ferroutage, RAlpin, a annoncé lundi la cessation anticipée de ses activités, invoquant des « défis économiques majeurs ». Ce retrait marque la transition définitive vers le transport combiné non accompagné, qui consiste à transporter les remorques et conteneurs sans tracteurs ni chauffeurs, désormais appelé à devenir la norme.
Dans un communiqué publié début mai, RAlpin – une coentreprise réunissant BLS, CFF et Hupac – a confirmé que « l’exploitation de la Rola (autoroute roulante) cessera dès la fin de l’année 2025, au lieu de 2028 comme initialement prévu, en accord avec la Confédération ». Cette décision intervient malgré le soutien prolongé voté par le Parlement en 2023, qui avait étendu l’aide fédérale jusqu’en 2028 pour garantir une transition en douceur vers le transport de conteneurs, jugé plus durable et efficace.
À lire aussiLes camions entiers sur des trains : c’est bientôt fini en SuisseSi la demande pour le ferroutage reste globalement satisfaisante, RAlpin indique que l’activité n’est plus rentable, même avec les aides publiques. Le modèle souffre de multiples entraves, notamment les fréquentes perturbations, principalement dues à des travaux, sur l’infrastructure ferroviaire allemande. Ludwig Näf, directeur général de RAlpin, explique que ces dérangements – souvent annoncés à très court terme – compliquent la logistique et entraînent des pertes significatives.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2023, 20 % des trains ont dû être annulés au premier trimestre en raison des travaux sur les lignes allemandes. En 2024, le taux d’annulation de 10 % reste préoccupant. Ces difficultés ont plongé l’entreprise dans le négatif, rendant la poursuite de l’activité intenable.
À lire aussiComment les trains économisent-ils l’énergie en France ?Le ferroutage alpin a marqué l’histoire du transport suisse dès la fin des années 1960, en proposant la première solution de transfert de poids lourds de la route vers le rail. La création de RAlpin en 2001 avait pour but de prolonger cette mission jusqu’à l’achèvement de la Nouvelle ligne ferroviaire à travers les Alpes (NLFA), mise en service en 2020. Aujourd’hui, avec la montée en puissance du transport combiné non accompagné, l’autoroute roulante s’efface, non sans une certaine nostalgie.
La suite de votre contenu après cette annonce
Notre Newsletter
Ne ratez plus les dernières actualités énergetiques
S'inscrire gratuitement