Une trentaine de piscines publiques gérées par la société Vert Marine ont brutalement fermé leurs portes dimanche, en raison de coûts énergétiques trop élevés. L’occasion d’abandonner le gaz au profit du solaire thermique, des pompes à chaleur ou de la biomasse pour chauffer les bassins ?

La quasi-totalité des piscines publiques réchauffe l’eau des bassins en brûlant du gaz fossile. Si cela ne posait aucun problème lorsque le prix du mégawattheure (MWh) de gaz affichait moins de 20 €, l’exploitation est devenue particulièrement coûteuse ces derniers mois. Le MWh se négocie actuellement autour de 250 € et devrait continuer à augmenter.

L’électricité, qui peut aussi représenter une part importante de la consommation énergétique d’une piscine en fonction de ses équipements, a également vu ses prix s’envoler.

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Plus d’1 GWh de gaz brûlé chaque année

Pour se faire une idée de l’appétit d’une telle infrastructure, le centre aquatique Vert Marine de Cassis (Bouches-du-Rhône) déclare avoir consommé 105 431 m³ de gaz (soit 1 112 MWh) et 1 072 MWh d’électricité en 2019. L’équipement propose un bassin sportif de 25 x 21 m, un bassin d’apprentissage de 310 m² avec jeux d’eau, un hammam et un sauna. Il est désormais fermé, comme une trentaine d’autres en France.

Sur son site, Vert Marine explique que « les hausses du coût de l’énergie […] ne permettent plus aujourd’hui de gérer les équipements de manière équilibrée économiquement et pérenne socialement ». « Si la hausse était impactée sur le prix d’entrée dans les établissements, ces derniers seraient multipliés par 3 » détaille le gestionnaire. Le ticket de piscine passerait ainsi d’environ 5 € actuellement, à plus 15 €.

« Nous en appelons aux instances locales et gouvernementales afin de prendre les décisions nécessaires et inédites pour revenir à des coûts supportables […] » déclare Vert Marine, qui opère les piscines en délégation de service public (DSP) auprès des collectivités locales. À travers sa démarche particulièrement brutale pour les usagers, elle souhaite donc faire assumer la hausse du coût de l’énergie aux communes et métropoles. Mais plutôt que d’exiger toujours plus d’argent public pour s’approvisionner en énergies fossiles, les piscines collectives pourraient-elles se chauffer plus proprement et pour moins cher ?

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Solaire thermique et pompe à chaleur

Les solutions industrielles bas-carbone ne manquent pas. Elles nécessitent certes un investissement plus élevé au départ, mais génèrent ensuite de la chaleur locale, à bas prix et nettement moins carbonée. Les centrales solaires thermiques par exemple, peuvent couvrir une part importante des besoins de chaleur d’une piscine publique.

Avec une puissance crête d’environ 800 Wth/m², des capteurs solaires thermiques déployés sur les 2 500 m² de toiture du centre aquatique de Cassis pourraient développer un total de 2 MWth. Une puissance très élevée, proche de celle de la centrale solaire thermique Newheat de Narbonne, qui fournit 20 % des besoins de chaleur d’un millier d’habitants et d’une dizaine de bâtiments publics.

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Autre solution : la pompe à chaleur industrielle. Associée ou non à des capteurs solaires thermiques, une pompe à chaleur permet de chauffer à moindre coût en réduisant considérablement le recours au gaz fossile. À Sète (Hérault), par exemple, le centre aquatique puise ses calories dans un réseau de thalassothermie (eau de mer) via des pompes à chaleur. La source chaude peut varier et s’adapter à l’environnement local : plan ou cours d’eau, géothermie, chaleur fatale

La biomasse, avec ou sans réseau de chaleur

Enfin, la biomasse peut être exploitée pour chauffer très efficacement les piscines publiques. Il peut s’agir d’une chaudière individuelle ou collective, dans le cadre d’un réseau de chaleur. Cette solution est celle qui permet de réduire au mieux la consommation de gaz fossile, car elle fonctionne aussi bien en été qu’en hiver. À Eysines (Gironde), la biomasse assure 92 % des besoins de chaleur du complexe aquatique municipal.

La dépendance au gaz fossile et à ses coûts volatils n’est pas une fatalité. Certaines piscines s’en sont libérées en reléguant le méthane à une simple énergie d’appoint. La crise énergétique pourrait bien inciter l’ensemble des centres aquatiques à suivre leur exemple. Nous ignorons si Vert Marine envisage de réaliser des travaux de rénovation énergétique dans ses piscines afin de réduire la facture. La société n’a pas répondu à notre demande d’interview dans le délai imparti à cet article.

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