Rongée par le sel, souillée par les algues et les déjections d’oiseaux, une centrale solaire offshore rencontrerait quelques difficultés en mer du Nord. Les clichés saisissants de son délabrement circulent sur les réseaux sociaux, où ils sont parfois exploités par des détracteurs des énergies renouvelables. Qu’en est-il vraiment ?

Si l’érection de parcs éoliens en mer est une technologie a présent bien rodée, le déploiement des centrales solaires flottantes offshore semble plus délicat. Plusieurs photos d’une plateforme photovoltaïque offshore très dégradée circulent sur les réseaux sociaux.

Elles interpellent à juste titre : on y voit des installations rouillées, recouvertes d’algues, de fientes, de déchets et dépôts salés. Ces clichés appuient parfois les propos d’individus allergiques aux énergies renouvelables et contribuent à la désinformation.

Du pain béni pour les anti-ENR

Il est d’ailleurs impossible d’établir leur origine avec certitude. Une des photos provient de la page Facebook d’« EMK », un syndicat conservateur de pêcheurs hollandais. Elle affiche une farouche opposition aux parcs éoliens en mer, que l’organisation estime néfastes à ses activités, entre autres revendications sur la législation européenne et les zones de non-prélèvement. D’autres photos ont été publiées sur des sites amateurs très critiques envers les énergies renouvelables et sur Twitter, sans jamais mentionner leurs auteurs ni le contexte.

Ces images ont toutes émergé en juin 2020 et sont bel et bien authentiques. Il s’agit en effet d’un prototype de centrale solaire flottante déployé à l’automne 2019 par Oceans of Energy, au large de Brouwersdam (Pays-Bas). Sollicitée par Révolution-Énergétique, la société n’a pas souhaité dévoiler de détails techniques. « En raison de la confidentialité et des demandes de brevet, nous ne pouvons pas commenter les tests spécifiques ou dévoiler ce que nous en avons appris et comment nous avons intégré cet apprentissage dans la construction de la prochaine génération de flotteurs  » nous a rétorqué le service communication.

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Une solution à chaque problème

Oceans of Energy a toutefois tenu à relativiser ces clichés que nous leur avons envoyés. Le consortium affirme tester « différentes solutions pour des défis spécifiques » et précise que « certaines solutions ne fonctionneront pas, mais contribueront à l’apprentissage » . « Nous tirons des leçons des bons résultats comme des moins bons résultats, de nombreux exemples peuvent être cités sur ces dernières années, mais jusqu’à présent, une bonne solution a été trouvée pour chaque problème » rassure t-il.

Image de synthèse d’une plateforme d’Oceans of Energy.

L’opérateur évoquait déjà ces ratés en mars 2021, dans les colonnes de la revue hollandaise Solar Magazine. « L’installation de panneaux solaires en mer est particulièrement difficile » confiait-il. La présence d’algues ne serait cependant « pas un problème de fond ». Pour régler cet aléa, il assure tester « différentes options de conception et de revêtements sur les panneaux solaires ». Oceans of Energy nous a d’ailleurs annoncé construire actuellement « la dernière génération de flotteurs », qui pourra accueillir jusqu’à 1 MWc de panneaux solaires.

Finalement, la meilleure façon d’éviter les fantasmes et polémiques reste de communiquer en toute transparence auprès du grand public. D’autant que les centrales solaires flottantes d’Oceans of Energy sont développées avec l’aide de subventions publiques conséquentes. Quelques lignes auraient suffi, à travers un communiqué ou sur les réseaux sociaux.

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