Pour réaliser sa transition énergétique, l’Australie mise massivement sur les systèmes de stockage d’électricité. Le pays veut réguler sa production éolienne et solaire grâce à des batteries géantes et des stations de transfert d’énergie par pompage-turbinage (STEP) parmi les plus puissantes de la planète.

Plus de 77 % de l’électricité consommée en Australie est produite à partir de ressources fossiles : du charbon (55 %), du gaz (21 %) et du fioul (1,7%). Si le pays-continent est le 2e plus grand producteur d’uranium au monde et lorgne sur les sous-marins nucléaires, il refuse paradoxalement un usage civil de l’atome sur son sol. Il ne possède aucune centrale nucléaire et ne prévoit pas d’en construire pour l’instant.

Sa transition énergétique repose donc exclusivement sur les énergies renouvelables variables telles que l’éolien et le solaire. Mais comment compte-t-il assurer son alimentation en électricité de jour comme de nuit, qu’il y ait ou non du vent et du soleil ? Pour remporter ce défi, il mise sur les systèmes de stockage d’électricité de très grande capacité.

Évolution du mix et origine de la production électrique en Australie / Infographies : RE.

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Des batteries nombreuses, mais pas si puissantes

L’Australie possède près de 1,1 GWh et 0,8 GW de batteries stationnaires réparties sur 12 sites actuellement en opération. 12 autres batteries totalisant 1,3 GWh sont en travaux et une soixantaine de nouveaux projets présentement étudiés, d’après le site australien reneweconomy.

Malgré les investissements impressionnants du pays dans les méga-batteries stationnaires, ce mode de stockage ne suffira pas à lui seul à couvrir les besoins de ses 25,7 millions d’habitants à partir d’électricité 100 % renouvelable. Pour cela, l’Australie parie sur les stations de transfert d’énergie par pompage-turbinage (STEP).

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Le pompage-turbinage, un potentiel monumental en Australie

Malgré des ressources en eau limitées, l’île a de quoi stocker de gigantesques quantités d’électricité sur ses quelques montagnes arrosées. Il possède déjà 2,6 GW de STEP et des chantiers qui porteront prochainement la puissance à 4,9 GW. Plusieurs projets totalisant 7,4 GW sont à l’étude. Selon des professeurs d’université australiens, le potentiel de stockage d’électricité via le pompage-turbinage serait absolument monumental : 67 000 GWh à travers 22 000 sites.

En 2026, l’Australie inaugurera notamment la plus grande STEP du monde. Baptisée « Snowy 2.0 », elle développera 2 GW de puissance pour une capacité de 350 GWh. Pour se faire une meilleure idée de ce que représente ce volume, 350 GWh équivaut à 33 jours de consommation d’électricité de la ville de Marseille. La plus grande STEP actuellement en fonction sur la planète revendique 120 GWh

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Des mines converties en STEP

L’Australie développe également un second projet de giga-STEP nommé « Pioneer-Burdekin », qui déploiera 5 GW et 120 à 150 GWh de stockage à sa mise en service prévue pour 2032. En parallèle à ces centrales géantes, plusieurs STEP plus petites seront érigées, à des endroits parfois originaux.

À 300 km au nord-ouest de Brisbane, c’est une mine d’or à ciel ouvert qui accueillera un système de 2 GW pour 20 GWh. Des mensurations modestes pour une STEP, mais déjà nettement supérieures à l’ensemble des projets de batteries stationnaires en Australie.

Lorsqu’il sera délaissé en 2027, le cratère profond de 380 mètres fera office de réservoir inférieur. Le bassin supérieur sera creusé dans une autre balafre laissée par l’exploitant.

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L’Australie choisit le stockage, l’Europe préfère les interconnexions, le gaz et le nucléaire

Grâce à son plan de développement des systèmes de stockage d’électricité de grande ampleur, l’Australie devrait parvenir à intégrer facilement la production éolienne et solaire et ne sollicitant pas ou peu les centrales fossiles pilotables. Une stratégie radicalement différente de celle choisie en Europe, où les grands projets de stockage sont rares.

Le vieux-continent préfère pour l’instant s’appuyer sur ses nombreuses interconnexions et des centrales à gaz pour lisser la production des énergies renouvelables variables. Quelques pays comme la France optent également pour le nucléaire, nettement moins carboné.

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