La Réunion se trouve régulièrement sur la trajectoire de cyclones et tempêtes tropicales. Un emplacement qui ne l’empêche pas d’installer des éoliennes. L’île va même remplacer des petites turbines spécialement conçues pour les vents violents par des modèles standards mais nettement plus puissants.

Près de 72 % de l’électricité produite et consommée à La Réunion provient d’énergies fossiles : charbon, diesel et fioul. L’éolien occupe une place anecdotique dans le mix local, avec une participation de seulement… 0,14 % en 2021. L’île est équipée de 2 parcs éoliens totalisant 60 turbines Vergnet GEV-MP pour 16,5 MW de puissance installée.

 

37 petites éoliennes remplacées par 9 grandes

Peu répandu, ce modèle d’éolienne bipales est particulièrement adapté aux zones soumises à de violentes tempêtes. Leur mât haubané peut en effet être couché au sol avant l’arrivée du phénomène. Cette caractéristique limite naturellement la hauteur et la puissance de la machine. Ainsi, les Vergnet GEV-MP n’excèdent pas 60 m de hauteur pour 0,275 MW de puissance, là ou une éolienne terrestre standard s’élève souvent à plus de 100 mètres pour 3 MW de puissance en moyenne en France.

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À Sainte Suzanne au nord-est de l’île, TotalEnergies a démonté les 37 turbines Vergnet qui composaient le parc de La Perrière. En fin de vie après 17 ans de service, elles ne seront pas renouvelées. L’exploitant va les remplacer par 9 éoliennes Vestas V110 nettement plus puissantes, mais aussi plus volumineuses. Ce modèle monté sur un mât tubulaire de 82 m et doté de pâles longues de 54 m développera une puissance de 2 MW. Elles permettront de générer 5 fois plus d’électricité avec 4 fois moins de machines. La production annuelle devrait ainsi passer de 10,1 GWh en 2020 à environ 50 GWh.

Les premières turbines sont arrivées en pièces détachées sur l’île en avril. Elle seront convoyées sur le parc jusqu’en juillet puis installées sur leurs fondations avant la mise en service, prévue pour la fin 2022.

L’arrivée des mâts à La Réunion et le chantier d’une fondation. Images : Terralta

Résisteront-elles aux vents cycloniques ?

Malgré leur grande taille et l’impossibilité de les rabattre, les éoliennes Vestas V110 devraient résister aux cyclones qui balayent l’île. Le fabricant assure que ce modèle est équipé de l’option « Yaw Power Back up » qui permet « lors de la tempête, d’orienter la nacelle dans la direction des vents dominants ». « Le rotor sera quant à lui maintenu face au vent grâce à une alimentation autonome par groupe électrogène » précise également TotalEnergies.

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La machine serait donc « en mesure de résister à des vents allant au-delà de ses limites de conception ». Le parc éolien sera « conforme en termes de tenue aux vents extrêmes propres au site d’implantation » affirme Vestas. Les rafales peuvent dépasser 250 km/h au passage d’un cyclone, le record absolu enregistré à La Réunion étant de 277 km/h. La fiche technique de l’éolienne Vestas V110 indique toutefois une certification IEC IIIa, signifiant une tenue aux vents violents jusqu’à 52,5 m/s (189 km/h).

Situé à Sainte-Rose, le second parc éolien de l’île devrait lui aussi troquer ses 23 petites éoliennes Vergnet par des modèles plus grands. EDF Renouvelables étudie leur remplacement par 4 turbines de 2 à 3 MW de puissance, qui porteront la production de 3,4 GWh en 2020 à environ 20 GWh. A terme, La Réunion disposera donc d’une puissance éolienne installée d’environ 30 MW pour 70 GWh annuels, soit autour de 2 % du mix.

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